Origine et histoire
Le canal de la Vésubie est un ouvrage hydraulique des Alpes-Maritimes qui assure l’adduction d’eau potable vers la ville de Nice. Sa réalisation remonte au second XIXe siècle : le projet de l’ingénieur E. Delacroix, confié à la Compagnie générale des eaux, aboutit à la mise en service de l’aqueduc dans les années 1880. Selon les sources, sa longueur est donnée entre 29 et 32 kilomètres ; il alterne tranchées à ciel ouvert et galeries souterraines, dont environ dix kilomètres de tunnels. L’eau est captée à Saint-Jean-la-Rivière (cote 271) et conduit jusqu’au terminal de Gairaut (cote 245), avec un débit quotidien annoncé de 275 000 m3.
Avant sa construction, l’approvisionnement en eau de Nice reposait sur la collecte des eaux de pluie, quelques sources en pied de coteau et des puits alimentés par la nappe du Paillon, solutions insuffisantes en été. Après l’annexion du comté de Nice à la France, les autorités constituèrent un service public de distribution ; la source de Sainte-Thècle, acquise en 1861, fournit une eau amenée à Nice en 1864, mais l’arrivée du chemin de fer la même année accentua les besoins. La gestion des eaux fut confiée à la Compagnie générale des eaux en 1864, puis formalisée par un traité en 1869 ; la concession de la construction et de l’exploitation du canal fut accordée en 1878, décision confirmée par le président de la République le 24 décembre 1878.
Les travaux, conduits d’après le projet d’E. Delacroix, furent avancés au début des années 1880, ralentis en 1883 par des procédures d’expropriation, puis achevés en 1885 ; la Compagnie publia ensuite une carte détaillée du tracé et de ses rigoles secondaires. L’arrivée de cet aqueduc favorisa le développement de la floriculture régionale. Toutefois, des bassins filtrants mal entretenus furent à l’origine d’épidémies : choléra en 1887 et 1894, typhoïde en 1898 et une récidive en 1911. Le canal fut par ailleurs prolongé jusqu’à Menton en 1892.
Sur le plan du traitement de l’eau, Marius-Paul Otto mit au point une technique d’ozonation et fit construire la première usine mondiale de purification par ozone à Bon-Voyage en 1907, traitant l’adduction de Sainte-Thècle/Peillon. Comme l’eau du canal transite par Gairaut, une usine d’ozonation fut installée à Rimiez en 1909, capable de traiter 13 000 m3 par jour ; cette première usine a été remplacée par l’usine dite Super Rimiez, qui traite aujourd’hui 150 000 m3 par jour en six étapes : tamisage, coagulation, floculation, décantation, filtration et ozonation.
Des mouvements de terrain en 1959-1960 provoquèrent la rupture du canal sur la commune de Castagniers. Le tronçon à ciel ouvert traversant le quartier de Gairaut fut placé en tunnel en 1991, et la portion entre la cascade de Gairaut et l’usine de Super Rimiez a également fait l’objet de rénovations. Enfin, plusieurs éléments du canal ont été inscrits au titre des monuments historiques le 28 novembre 2001, parmi lesquels la prise d’eau de Saint-Jean-la-Rivière (commune d’Utelle), le siphon de Saint-Blaise (La Roquette-sur-Var et Saint-Blaise) et la section entre les vallons de la Garde et de Costa Rasta, section représentative de l’ouvrage.