Origine et histoire
Le château dit de la Grande Courbe, situé à 2 km au sud-est du bourg de Brée sur la route de Saint-Christophe-du-Luat, conserve l'organisation qu'il avait à la fin du XVIe siècle, lors des guerres de religion. L'édifice est inscrit au titre des Monuments historiques depuis le 22 septembre 1995. Une grande salle du XIIIe siècle, de 18 × 11 m, sans étage et probablement conçue comme une nef, subsiste avec une cheminée monumentale et un décor mural contemporain comprenant deux médaillons sur le pignon sud : l'un représente une tigresse se mirant et l'autre un cavalier portant un jeune tigre et tenant un miroir. La motte primitive et le manoir du site datent du XIIe siècle et se situaient près du lieu-dit Les Murailles, sur la commune de Saint-Christophe-du-Luat. Au milieu du XIVe siècle fut ajouté un second bâtiment, le vieux logis, implanté en équerre contre la grande salle ; la nef fut alors rétrécie et la cheminée rabattue sur le mur ouest, tandis qu'une cuisine et ses dépendances furent aménagées perpendiculairement. Vers la fin du XIVe siècle, un étage fut élevé au-dessus de la grande salle afin d'installer une salle haute suivie d'une chambre carrée ; les baies furent remaniées et une tour de latrines construite à l'angle sud-est, desservant l'étage par une galerie extérieure. Dans la seconde moitié du XVe siècle des transformations importantes ont eu lieu : le vieux logis fut converti en cuisine, on édifia la tour dite de la gloriette et la chapelle, on suréleva la moitié est du logis neuf et l’on ajouta une nouvelle tour de latrines. Vers 1560 la surélévation du logis neuf fut achevée avec l’aménagement d’une chambre haute et d’un cabinet ; la galerie fut prolongée vers l’ouest et la façade reçut des frontons ornés de volutes et de pots-à-feu. À la fin du XVIe siècle, au moment de la Ligue, un mur d'enceinte muni de quatre tours renforça les défenses extérieures. Quatre bâtiments de service s'alignent à proximité : le porche d'entrée daté des XIIIe–XIVe siècles, qui était équipé d'un double pont-levis, un bâtiment de service fermant la cour au nord, antérieur à la fin du XVe siècle, la grange du XVIe siècle et, au XVIIe siècle, l'existence attestée d'une fuie (pigeonnier). Le site présente par conséquent des états successifs du XIIe au XVIIe siècle, mêlant éléments médiévaux et aménagements modernes pour l'époque moderne.
La seigneurie a d'abord été tenue par la famille Le Vayer de Voutré, citée dès 1299, puis est entrée dans la maison de Vassé par le mariage de Perrette Le Vayer avec Jean de Vassé vers 1380, apportant la Courbe à cette famille. Jean Groignet de Vassé et sa veuve Jeanne Le Cornu marquèrent l'histoire du domaine : Groignet acquit entre autres les terres de Voutré et de Sourches au début des années 1420 et mourut avant décembre 1423, puis Jeanne fit hommage pour la Courbe en 1424 et dut vendre des biens sous la pression des événements et des difficultés financières liées à l’occupation anglaise. Leur fils Jean, dit Grognet, servit comme page puis combattit contre les Anglais ; il fut fait prisonnier par John Talbot et dut payer rançon. La maison de Vassé transmit ensuite la seigneurie par alliances ; Jacquette de Vassé fut connue comme dame de la Courbe et, par son second mariage avec Ambroise I le Cornu, la branche Le Cornu de la Courbe de Brée s’instaura. La famille Le Cornu se succéda à la tête de la seigneurie : parmi ses membres figurent Ambroise II, Ambroise III et Ambroise IV, Claude Le Cornu et, au XVIe siècle, Ambroise Le Cornu V, vivant en 1567, marié à Madelaine de la Jaille et inhumé dans l'église de Brée en 1604. Plusieurs membres de cette famille occupèrent des charges ecclésiastiques ou militaires, dont Nicolas Le Cornu, évêque de Saintes, et Siméon Le Cornu, commandeur de la Courbe et chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. À partir de cette époque la seigneurie de la Courbe ne forma plus qu'un seul ensemble avec celle de Brée. Sources et études anciennes et récentes, dont des travaux d'Angot et Gaugain ainsi qu'une notice de François et Marie-Sophie Dever, documentent ces évolutions architecturales et lignagères.