Origine et histoire du Séminaire
Le séminaire d'Autun, fondé en 1675 par l'évêque Gabriel de Roquette et achevé en 1679, correspond aujourd'hui à une partie du lycée, l'ancien cloître. Les plans sont dus à l'architecte Daniel Gittard et les jardins furent dessinés par André Le Nôtre ; pour réduire les frais, l'évêque fit largement usage des pierres de l'ancien théâtre romain. À son époque Bussy-Rabutin le considérait comme le plus beau séminaire de France. Parmi les religieux formés au séminaire figure Blaise Bégon. La Révolution provoqua le départ des séminaristes et transforma le lieu successivement en hôpital pour les galeux, en magasin à grains et à fourrage ; les locaux furent pillés et reçurent des prisonniers autrichiens puis espagnols. En 1809, la mère Anne Marie Javouhey y institua des classes mixtes pour les enfants des milieux pauvres. En 1813 le bâtiment, rendu à l'évêque, redevint petit séminaire et compta parmi ses élèves Patrice de Mac‑Mahon. À la fin du XIXe siècle le gouvernement créa l'École militaire préparatoire de cavalerie et les premiers élèves firent leur entrée en octobre 1886. Ces enfants de troupe, âgés de treize à dix‑huit ans et le plus souvent fils de militaires, étaient initialement formés en vue d'une carrière militaire. Durant la Première Guerre mondiale, tous partirent à partir de dix‑sept ans pour relever leurs aînés sur le front ; 154 d'entre eux y trouvèrent la mort. Dans l'entre‑deux‑guerres l'école élargit son enseignement militaire, obtint son label d'école secondaire et prépara à la première partie du baccalauréat, visant les concours d'entrée aux écoles de sous‑officiers et d'officiers. En juin 1940 l'école dut quitter Autun ; un détachement d'élèves s'illustra alors dans la Résistance sous les ordres de l'adjudant‑chef Grangeret, dit « le Lion ». L'établissement connut plusieurs repliements et, pendant la période 1943‑1944, la dissolution entraîna le retour des plus jeunes chez leurs familles tandis que les plus âgés rejoignirent les maquis de l'Ain et prirent part aux combats de la Libération, notamment à Ambérieu‑en‑Bugey, à La Valbonne et à Neuville‑sur‑Ain. Le jeune Bernard Gangloff fut grièvement blessé et décéda le 14 juillet 1944 ; son nom fut donné à l'école en 1985. Après la Seconde Guerre mondiale l'école retrouva Autun, développa des classes terminales et créa en 1951 la « corniche Mac‑Mahon » pour préparer le concours d'admission à l'École spéciale militaire de Saint‑Cyr Coëtquidan ; cette corniche fut supprimée en 1965, réactivée en 1970 et rebaptisée en 1999 « compagnie des classes préparatoires ». L'établissement prit la dénomination de collège militaire en 1971 puis de lycée militaire en 1983 et accueille chaque année plusieurs centaines d'élèves. Il est aujourd'hui réparti entre la caserne Changarnier, qui regroupe les classes de la sixième à la troisième, et le quartier Gangloff, qui regroupe le lycée, les classes préparatoires et le musée national des Enfants de troupe. Sur le plan architectural, une tête de cheval au‑dessus du porche rappelle la vocation cavalière initiale ; des galeries forment le cloître qui entoure la grande cour dominée par une statue de la Vierge et de l'Enfant datant de 1861, et le cloître est surmonté d'un toit bourguignon. Le fronton de l'aile gauche porte, au‑dessus de l'horloge, le sceau de monseigneur de Roquette sculpté peu avant la guerre de 1870. En 1955 le général Kœnig inaugura le monument aux morts et remit la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs au drapeau de l'école, déjà décoré d'autres distinctions. En 1985 le général René Imbot, ancien élève, inaugura dans la crypte de l'ancienne chapelle un musée de tradition des Enfants de troupe qui deviendra national. L'établissement dépend du ministère des Armées ; l'admission des collégiens et lycéens se fait sur vérification du dossier scolaire et la réussite à un concours national commun aux lycées de la Défense, tandis que les classes préparatoires recrutent sur dossier et lettre de motivation sans condition d'origine familiale. En 2012, quinze pour cent des places en lycée étaient attribuées à des élèves boursiers, indépendamment de l'origine professionnelle des parents. Au cours du XXe siècle plus de cinq cents élèves ou anciens élèves sont morts au champ d'honneur, et les anciens et élèves forment la large communauté des « AET », diminutif d'Ancien Enfant de Troupe, expression attestée depuis un décret de 1762 et consacrée en 1800 par Napoléon Bonaparte. Parmi les anciens figurent des personnalités civiles et militaires telles que Blaise Bégon, Patrice de Mac‑Mahon, Pierre Pouyade, René Imbot, Maurice Audin, Patrick Baudry et Virginie Guyot, ainsi que de nombreux officiers généraux, résistants et hauts responsables. Le drapeau de l'établissement porte plusieurs décorations, notamment la Légion d'honneur, des Croix de guerre pour 1914‑1918 et 1939‑1945 avec palmes et citations à l'ordre de l'armée, la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs avec palme et citation remise en 1955, ainsi que la Médaille de la Résistance avec rosette. Les principales références historiques et bibliographiques comprennent notamment les travaux d'André Coupireau et de Frédéric de Berthier de Grandry.