Origine et histoire
Le siphon de Saint-Blaise est un ouvrage d'art remarquable du canal de la Vésubie, situé sur les communes de La Roquette-sur-Var et de Saint-Blaise. Le canal est un aqueduc alpin qui alimente en eau potable la ville de Nice; captée à Saint-Jean-la-Rivière (cote 271), l'eau suit un tracé complexe jusqu'au terminal de Gairaut (cote 245). Réalisé par la Compagnie Générale des Eaux sur un projet de l'ingénieur E. Delacroix présenté en 1879, l'ouvrage a été construit au cours du second XIXe siècle : la construction s'étend entre 1851 et 1885, les travaux principaux ayant eu lieu entre 1880 et 1883. D'une trentaine de kilomètres, alternant tunnels et tranchées, le canal comprend plusieurs ouvrages d'art bien conservés, dont le siphon de Saint-Blaise. Exploité par la Compagnie Générale des Eaux à la suite d'un traité avec la ville, il a permis de répondre aux besoins accrus de Nice après son développement au XIXe siècle. La prise d'eau de Saint-Jean-la-Rivière achemine quotidiennement 275 000 m3 d'eau et le canal a été ultérieurement prolongé jusqu'à Menton. L'arrivée de ces eaux a favorisé le développement de la floriculture, mais des bassins filtrants mal entretenus ont aussi entraîné des épisodes épidémiques au tournant du siècle. Des progrès de traitement ont suivi, notamment l'emploi de l'ozone : une usine d'ozonation à Bon-Voyage a été construite en 1907, puis une usine à Rimiez en 1909, capable alors de traiter 13 000 m3 par jour; l'installation de Super Rimiez, plus récente, traite aujourd'hui 150 000 m3 par jour en six étapes (tamisage, coagulation, floculation, décantation, filtration et ozonation). Le canal a subi des dommages lors de glissements de terrain à Castagniers en 1959-1960, provoquant la rupture de son tracé sur plusieurs dizaines de mètres. Des aménagements ultérieurs ont modifié son parcours : la section à ciel ouvert du quartier de Gairaut a été mise en tunnel en 1991 et la portion entre la cascade de Gairaut et l'usine de Super Rimiez a été rénovée. Plusieurs éléments du canal ont été inscrits au titre des Monuments historiques le 28 novembre 2001, notamment la prise d'eau de Saint-Jean-la-Rivière, le siphon de Saint-Blaise et une section entre les vallons de la Garde et de Costa Rasta. Le siphon de Saint-Blaise témoigne de l'ingénierie hydraulique du XIXe siècle et figure parmi les ouvrages les mieux conservés de cet aqueduc.