Période
Gallo-romain
Patrimoine classé
Les vestiges situés sur la parcelle A 1108 : inscription par arrêté du 31 juillet 1986 - Les vestiges situés sur les parcelles A 961, 962, 1109, 1115, 1118 à 1124, 1133, 1134, 1139, 1141 à 1143, 1146 à 1148, 1151, 1152, 1156, 1158, 1160 à 1163, 1167, 1169, 1173, 1174, 1419 : classement par arrêté du 28 juin 1989 - L'ensemble des vestiges et parcelles de la ville antique situés aux lieuxdits "Le Palais" et "Bagnols" (cad. A 960, 997 à 1000, 1137, 1138, 1140, 1144, 1145, 1149, 1153 à 1155, 1159, 1164, 1165, 1450, 1598, 1647, 1657) : classement par arrêté du 21 septembre 2006
Origine et histoire du site archéologique
L'agglomération antique d'Alba Helviorum, située près de l'actuelle Alba-la-Romaine en Ardèche, est une cité gallo-romaine dont l'occupation s'étend du Ier siècle av. J.-C. au IVe siècle ap. J.-C. Elle fut la capitale du peuple des Helviens, connaît un premier essor à l'époque augustéenne et atteint son apogée au IIe siècle. Le site réunit un forum, un palais monumental, un théâtre et une église romane du XIIe siècle accompagnée d'un cimetière utilisé du XIIe siècle à 1730 ; l'église présente une nef unique terminée par une abside semi‑circulaire et une chapelle voûtée d'ogives ajoutée au XIVe siècle. Des traces d'occupation antérieures — un oppidum probable sur le plateau de Chaulène et des vestiges de plaine — témoignent d'une continuité d'habitat, avec des matériaux allant de la fin du IIIe millénaire à des témoins de La Tène III. Sous l'Empire romain, les Helviens, alliés de Rome et titulaires du droit latin, profitent d'un développement économique lié à la viticulture et au commerce ; Alba devient un carrefour des voies vers la vallée du Rhône, le Massif central et la Narbonnaise. L'urbanisme repose sur un quadrillage romain centré sur deux axes perpendiculaires, le cardo maximus et le decumanus, la ville s'étendant sur environ 30 hectares et un périmètre évalué à quatre kilomètres. Le cardo, dégagé sur 150 mètres, est une voie dallée large d'environ cinq mètres qui conduit au centre monumental et recouvre un réseau d'adduction d'eau et d'égouts ; la cité était alimentée par des aqueducs prenant leur source sur les versants du massif du Coiron, par des puits et par des conduites en plomb ou en bois. Le forum comprend une area publica au nord et une area sacra au sud : celle‑ci associe portiques, un temple avec pronaos et cella et, au sud, une basilique servant de tribunal et de lieu d'échanges. Le centre monumental comporte aussi un édifice quadriportique entourant un jardin et un bassin ainsi qu'un autre bâtiment, peut‑être lié aux corporations commerciales ; une inscription mentionne des drapiers, des ouvriers du bâtiment, des utriculaires et des fournisseurs de bois, attestant la puissance économique de ces groupes. Le quartier des Bagnols, premier noyau d'habitat en plaine, livre un sanctuaire important qui s'agrandit au Ier siècle ap. J.-C. et accueille le culte impérial, tandis que dès le IIIe siècle apparaissent des signes d'abandon et de remploi des pierres. Le théâtre, situé au sud‑est sur les rives du ruisseau d'Aunas et partiellement fouillé dans les années 1930, se développe en trois états successifs pour aboutir, au début du IIe siècle, à un édifice construit sur les deux rives avec une frons scaena décorée ; son diamètre d'environ 68 mètres permettait d'accueillir près de 3 000 spectateurs. À proximité, des thermes privés dits « la Planchette » montrent des salles froide, tiède et chaude chauffées par hypocaustes et des aménagements de bassin ; la numismatique retrouvée y situe leur usage jusqu'au milieu du IVe siècle. Le sanctuaire des Basaltes, fouillé en 1987, comprend un temple et des chapelles hypogées et a livré des dépôts votifs remarquables exposés au MuséAl. Deux maisons urbaines luxueuses mises au jour dans le champ Delauzun présentent péristyles, jardins, bassins, un puits profond et mosaïques géométriques datées du IIe siècle. Le secteur de Saint‑Pierre a révélé des monuments successifs de l'Antiquité au Moyen Âge — portiques, bassins, édifices cultuels, une église divisée en trois nefs, un baptistère et des niveaux de tombes romaines, mérovingiennes et médiévales — avant l'installation d'un prieuré au XIIe siècle. Alba fut le premier siège épiscopal local, mais la date précise de sa christianisation reste incertaine ; le siège est transféré à Viviers au milieu du Ve siècle, le site antique se dépeuple et une nouvelle agglomération se forme au Moyen Âge. Les premières découvertes remontent à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle, puis les fouilles ont été relancées au XXe siècle et intensifiées après 1945 ; depuis octobre 2013, le MuséAl regroupe le site archéologique, le musée et un dépôt archéologique pour la conservation et la valorisation des découvertes.