Origine et histoire du site archéologique
Le site archéologique de Jublains, dans la Mayenne, rassemble des vestiges principalement romains. Occupé depuis l'âge du Fer et lié au peuple celte des Diablintes, le lieu abrita un sanctuaire dont les fouilles ont livré des dépôts votifs d'épées, des poteries de tradition armoricaine, des monolithes et des statères d'or. Ce sanctuaire favorisa l'implantation d'une cité romaine, Noviodunum, qui devint chef‑lieu des Diablintes lors de la réorganisation augustéenne et s'urbanisa à partir de la seconde moitié du Ier siècle. La ville se dota d'équipements publics — sanctuaire reconstruit en pierre, théâtre, thermes, forum — qui traduisent la diffusion du mode de vie romain. Le plan orthogonal d'environ vingt hectares semble dater du règne des Flaviens, mais n'a été que partiellement réalisé et la ville n'occupa qu'un tiers de son emprise prévue. La situation routière fit de Noviodunum un carrefour et contribua à des fonctions de transit et d'approvisionnement, attestées notamment par le castellum. Le castellum, ouvrage trapézoïdal étudié par René Rebuffat, présente trois états : une tour prétorienne centrale, un rempart de terre précédé d'un fossé et une muraille en pierre munie de tours, construction inachevée attribuée à l'époque de Dioclétien. Sa fonction a été interprétée d'abord comme défensive puis, surtout, comme lieu de stockage ou d'annone lié à la circulation des céréales et à la fiscalité en nature. Les thermes, édifiés sous Trajan et transformés partiellement en église à l'Antiquité tardive, comportent un frigidarium avec piscine, une salle tiède et des bains chauds alimentés par un aqueduc souterrain long de huit kilomètres et desservis par des hypocaustes. Le théâtre, daté du règne de Domitien par une dédicace, a connu au IIe siècle une restructuration qui l'a rapproché du plan classique en demi‑cercle ; il a été offert à la cité par un riche donateur, témoignage de l'évergétisme local. Le sanctuaire dit de la Fortune succède à un lieu de culte gaulois ; son enceinte portiquée et son temple périptère octostyle reposent sur un podium dont la cella a laissé des soubassements visibles. Les fouilles ont livré de nombreux éléments votifs et décoratifs — têtes de statue, fragments de fresques et statuettes — ainsi que des matériaux indiquant des approvisionnements variés pour la construction (calcaire coquillier, grès, tuffeau). L'occupation du site se poursuit jusqu'à l'Antiquité tardive, mais la cité décline à partir du IVe siècle, perdant son statut de capitale lorsque le territoire des Diablintes est rattaché à celui des Cénomans. La ville devient alors un simple vicus, certaines installations comme les thermes sont réutilisées en église et un habitat se développe aux époques mérovingienne et médiévale. Le caractère rural du bourg qui succède à la cité favorise la conservation relative des monuments, dont les ruines du castellum ont été remployées pour la construction du château de Mayenne. La connaissance du site repose sur des découvertes anciennes, notamment une mosaïque mise au jour en 1776, des fouilles du XIXe siècle qui ont dégagé les principaux édifices, puis sur des campagnes scientifiques reprises à partir de 1942. Le site a fait l'objet d'une protection précoce : acquis et inscrit comme "restes du camp romain" dès 1840, il a bénéficié d'acquisitions foncières et d'aménagements menés par le département de la Mayenne depuis les années 1980. Des fouilles et prospections récentes ont visé à préciser le plan urbain et l'habitat, révélant des ateliers d'artisans (potiers, verriers, forgerons, bouchers, cordonniers) et des installations de production dispersées dans la ville et hors les murs. Les nécropoles, hors de l'enceinte urbaine, sont partiellement connues : la nécropole sud, fouillée entre 1969 et 1972, a livré surtout des sépultures à incinération datées du Ier au IVe siècle. Le site est aujourd'hui accessible au public grâce à un parcours archéologique et à un musée, inauguré dès 1969, qui expose les principaux éléments découverts. La richesse et l'état de conservation des vestiges font de Jublains un site de référence pour l'ouest de la France et expliquent la poursuite des recherches et des acquisitions foncières par le département.
