Origine et histoire du site archéologique
Le site archéologique des Grèves, découvert en 1973 à La Villeneuve-au-Châtelot (Aube), est un sanctuaire d'inspiration celtique et gallo-romaine. Il se situe au lieu-dit les Grèves, à l'ouest du bourg et à proximité de la D40, à une douzaine de kilomètres au nord‑est de Nogent‑sur‑Seine. L'ensemble a été inscrit au titre des monuments historiques en 1982. Les vestiges montrent une série d'enclos emboîtés, configuration caractéristique d'un sanctuaire.
Les couches attribuées à l'époque de La Tène sont moins riches en mobilier que celles de la période gallo‑romaine. Les plus anciens assemblages comprennent des éléments d'équipement militaire associés à des fibules, datés de la fin de la Tène B2 (début du IIIe siècle av. J.-C.). Les dépôts de ces objets augmentent jusqu'à la transition entre la Tène C2 et D1 (milieu du IIe siècle av. J.-C.), phénomène qui peut traduire soit une augmentation du nombre d'objets intégrés aux pratiques rituelles, soit une intensification de ces pratiques. Entre le deuxième quart du IIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle av. J.-C., le mobilier se diversifie et témoigne d'une complexification des rites : apparaissent des éléments de parure plutôt féminine, de la vaisselle et du petit service, de l'outillage et des demi-produits de fer.
La phase de la Tène D2b (50‑30 av. J.-C.) est représentée par une couche épaisse de 80 cm contenant 702 monnaies (491 bronzes et 211 potins) et 234 rouelles de bronze marquées de quatre rayons, parfois ajourées au centre. Gérard Bataille signale que, dans l'est de la Gaule, des rouelles apparaissent en contexte funéraire dès la fin de la Tène C2 / début de la Tène D1, et Romain Guichon suggère que ces petits objets peuvent avoir servi d'instruments de vote.
Autour du milieu du Ier siècle av. J.-C., la déposition d'un grand nombre d'objets rituels décline pour quasiment disparaître à l'époque de la conquête de la Gaule ; les épées et leurs fourreaux cèdent la place à des armes de jet légères (javelots, javelines, pointes de flèches). C'est aussi probablement à la Tène D2a que apparaissent des monnaies et des rouelles en métaux précieux.
Le mobilier gallo‑romain mis au jour comprend des armes, de la vaisselle, des parures, des vestiges de faune et un ensemble exceptionnel d'environ 70 000 rouelles métalliques, principalement interprétées comme offrandes.
Parmi les études consacrées au site figurent des travaux de Gérard Bataille, Jacques Piette et Georges Depeyrot, ainsi que des analyses de Romain Guichon ; les notices et références sont consultables sur le portail de l'Aube et le portail des monuments historiques français.