Origine et histoire du site archéologique
Le site archéologique du Panissars se situe au col de Panissars, passage entre la France et l'Espagne à l'extrémité occidentale du massif des Albères, entre Le Perthus et La Jonquera. Implanté à 325 m d'altitude, il n'est séparé du col du Perthus que par une colline coiffée du fort de Bellegarde. La Via Domitia, créée à partir de 118 av. J.-C., y est conservée dans sa largeur d'origine le long du site. Un fragment de milliaire romain, dont l'inscription pourrait évoquer Constantin, y a été mis au jour. Les vestiges visibles le long de la voie correspondent vraisemblablement aux fondations du trophée de Pompée, élevé pour célébrer sa victoire en Hispanie et plusieurs fois mentionné dans les textes antiques. Ces fondations ont été aménagées pour recevoir un grand appareil de blocs de grès d'origine maritime et, dans l'angle nord-est, des tranchées en « gradins » témoignent d'une technique héritée des Grecs et employée par les Romains jusqu'à l'époque d'Auguste. Ce trophée est le premier exemple connu de ce type de monument destiné à célébrer la suprématie de Rome. Le site a été utilisé comme carrière dès l'Antiquité : des blocs de grand appareil ont été réemployés dans des fortifications romaines tardives et dans la construction et la restauration des forteresses des Cluses autour du IVe siècle et éventuellement jusqu'au début du Ve siècle. Au XIe siècle, l'implantation d'un prieuré bénédictin dédié à sainte Marie, sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, a presque fait disparaître ce qui restait du trophée ; l'église du prieuré comprenait une nef en plan barlong, une abside surélevée, une crypte et une avant-nef ; elle fut consacrée en 1011 et devint prieuré à la fin du XIe siècle. Le développement ultérieur du fort de Bellegarde, notamment sous Vauban, puis les besoins en matériaux ont achevé de faire disparaître le trophée et le prieuré. Après de nombreuses recherches infructueuses le long de la voie Domitienne, le site archéologique a été redécouvert en 1983 sur le col de Panissars. Lieu de passage depuis la Préhistoire, le col était connu en 71 av. J.-C. sous le nom de Summum Pyrenaeum et marque la jonction de la Via Domitia au nord et de la Via Augusta au sud. Il a également été le théâtre d'une bataille en 1285, au cours de laquelle les troupes du roi de France Philippe le Hardi furent vaincues par celles du roi Pierre le Grand d'Aragon ; Philippe mourut quatre jours plus tard à Perpignan. Aujourd'hui, les principales voies modernes empruntent plutôt le col du Perthus, voisin du Panissars, et le fort de Bellegarde témoigne des différentes souverainetés qui se sont succédé sur ce lieu. Administrativement, le col se partage entre la commune française du Perthus (Pyrénées-Orientales, Occitanie) et la municipalité espagnole de La Jonquera (Alt Empordà, province de Gérone, Catalogne). Sur le col se trouvent un cimetière militaire et des bornes-frontières : la nouvelle borne n° 569 en granit, la pyramide frontière n° 568 en contrebas près du réservoir et de la redoute, et la pyramide n° 567 qui surplombe le site archéologique. Le site bénéficie d'une double protection : classement au titre des monuments historiques français (arrêté du 8 mars 2010) et reconnaissance comme Bé Cultural d'Interès Local par la Catalogne.
