Origine et histoire
Le site castral de Montbazon occupe un éperon barré dominant la vallée de l'Indre et contrôlant les voies terrestres et la navigation fluviale. Les restes du donjon, élevés sur ce promontoire, sont attribués à la fin du Xe ou au début du XIe siècle et ont été remaniés aux XIe et XIIe siècles pour renforcer la défense. L'ensemble primitif comprenait une tour maîtresse en pierre, haute à l'origine d'au moins quatre niveaux, un avant-corps et une chemise, auxquels s'ajoutèrent par la suite deux enceintes protégeant la plateforme castrale. La construction de la tour s'inscrit dans la lutte d'influence entre les maisons d'Anjou et de Blois ; la première phase de taille et d'élévation est généralement mise en relation avec Foulques Nerra. Au cours du Moyen Âge la forteresse fut surélevée, protégée par des remblaiements au sud et enrichie d'ouvrages défensifs — fossé, chemise et tours — dont une tour dite « philippienne » à trois niveaux. Une chapelle seigneuriale, dédiée à saint Georges, fut édifiée au nord du donjon et réutilisa des substructions plus anciennes ; elle présente une nef longue d'au moins 23,5 m et un chevet plat flanqué de deux chapelles terminées par des absidioles. À partir du XVe siècle, un « château-neuf » fut construit dans la basse-cour et la place reçut des hôtes de marque, tandis que l'enceinte s'étendit pour protéger les nouvelles basses-cours. Au fil des siècles, l'ensemble connut des destructions et des dégradations : le château-neuf fut démoli au XVIIIe siècle et la chapelle ainsi qu'une partie de l'enceinte furent en grande partie ruinées ; la tour elle-même perdit un niveau supérieur lors des troubles révolutionnaires et subit d'autres dommages. Au XIXe siècle la tour servit d'entrepôt puis accueillit un télégraphe Chappe, et Joseph Delaville Le Roulx entreprit des consolidations et fit dresser sur son sommet une statue de la Vierge à l'Enfant, financée par l'impératrice Eugénie. Le XXe siècle vit un important programme de restauration sous l'impulsion de William Perry Dudley, qui reconstruisit la « tour Lilian », fit édifier un logis néogothique, remania les accès, consolida le donjon par une ceinture en béton et fit installer des dispositifs de surveillance des fissures. Après des périodes d'abandon et de pillage, le site a été restauré et ouvert au public au début du XXIe siècle ; depuis 2010 sa promotion est assurée par une association qui propose visites et animations. Le donjon, conservé sur une hauteur d'environ 26 à 28 m, présente des murs à moellons de silex et de calcaire, des contreforts remployant des blocs de travertin et des chaînages en tuffeau, ainsi que de nombreux trous de boulins attestant de phases successives de chantier. Ses dimensions intérieures sont d'environ 15 × 9 m ; les étages, séparés par des planchers appuyés sur des ressauts et des solives, n'ont laissé aucune trace d'escalier de pierre et l'accès primitif se faisait par une porte élevée côté nord. Le rez-de-chaussée, d'abord aveugle, fut comblé progressivement jusqu'à constituer un remplissage de plusieurs mètres, tandis que le deuxième étage, sans conduit de cheminée avéré, comporte des latrines intégrées à l'épaisseur du mur oriental et des baies aujourd'hui transformées. L'avant-corps occidental, de faible emprise, était organisé sur deux niveaux et s'ouvrait au premier étage du donjon ; il ne subsiste aujourd'hui que des portions de murs et des arrachements qui permettent d'en restituer l'emprise. La chemise méridionale délimitait une haute-cour appuyée sur la motte plaquée contre la tour maîtresse ; sa reconstruction médiévale réutilise largement les pierres antérieures et conserve des archères. D'autres aménagements anciens — souterrains, carrières et celliers — existent sous le promontoire mais sont en grande partie comblés ou effondrés, et les vestiges conservés ne confirment pas de rôle de refuge-refuge. Le bâti du site résulte d'un usage varié de matériaux locaux (calcaires lacustres, silex, meulière, tuffeau jaune) et de remploi ; le bois des charpentes et le sable de la rive de l'Indre servaient aux ouvrages courants. Des éboulements récents de coteau ont entraîné la disparition d'une partie de l'enceinte et menacent encore le site et les habitations en contrebas. Le donjon a été inscrit aux monuments historiques en 1926, cette protection ayant été étendue à l'ensemble du site en 2012 et remplacée par un arrêté de classement en 2024 ; le site est ouvert au public depuis 2003.