Origine et histoire
Le site de la nécropole de Péré (ou Pairé) se situe à Prissé-la-Charrière, dans les Deux-Sèvres ; il comprend trois tumulus datés du Néolithique et a été classé monument historique par arrêté du 1er avril 2025. Le site, mentionné dès 1841 sous le nom impropre de tumulus de Tesson par Lary, est désigné sous les deux formes Péré ou Pairé, un toponyme apparenté à « pierre » et pouvant évoquer une consolidation de talus ou l’existence ancienne d’une carrière. Les tumulus A et C présentent des creux témoignant de prélèvements de pierres, soit pour l’empierrement de chemins voisins, soit pour alimenter un four à chaux aménagé sur le flanc sud du tumulus C, et l’ensemble a été édifié sur un léger relief pour accroître la visibilité des constructions. Le tumulus A, le plus méridional, est allongé et elliptique ; il mesure environ 60 m de longueur, c’est le plus élevé des trois et il ne semble pas avoir été endommagé par l’exploitation en carrière. Le tumulus B, le plus petit, est de forme circulaire ; des sondages pratiqués en 1987 par le docteur Claude Cathlin n’ont révélé ni chambre ni dépôt funéraire, et il pourrait résulter d’un amoncellement de déblais issus d’une ancienne fouille du tumulus C, ce qui le rend énigmatique. Le tumulus C est allongé ; avant fouille il mesurait 115 m de long sur 30 m de large et atteignait 4 m de hauteur en son point le plus élevé; bien que partiellement entamé par l’exploitation en carrière, il est relativement bien conservé grâce au maintien d’un boisement et à l’absence de cultures ; il a fait l’objet de fouilles de 1995 à 2000 et avait été inscrit au titre des monuments historiques en 1993.
Le tumulus C résulte d’une évolution en trois phases et présente un plan trapézoïdal très allongé, le côté nord étant légèrement plus court ; il mesure environ 19 m de large à l’est et 10 m à l’ouest. La phase Ia correspond à un petit coffre funéraire de type coffré, haut de 1,60 m, délimité par cinq orthostates et formant un polygone allongé d’environ 1 m sur 0,50 m à l’extrémité ouest du tumulus ; le coffre possédait une entrée refermée par de fines dalles verticales amovibles et sa couverture demeure inconnue. Ce coffre fut inclus dans une masse de pierres sèches agencée comme une « chemise » d’environ 4 m de diamètre, au parement rectiligne à l’ouest et légèrement concave à l’est, le parement général mesurant 7,20 m sur 8,80 m ; l’hétérogénéité de cette construction laisse supposer une réalisation en plusieurs temps et la conservation d’accès temporaires au coffre avant sa condamnation définitive. La phase Ib correspond à l’apport d’une importante masse de terre jaune non structurée à l’est du monument d’origine, ce remblai étant ceinturé par un parement en pierres sèches ; à l’issue de cette phase le tumulus atteignait environ 23 m de longueur sur 8,80 m de largeur. Lors de la phase II, un long tumulus trapézoïdal d’au moins 100 m de longueur a été édifié au‑dessus des aménagements antérieurs ; son extrémité orientale mesure 19 m de largeur pour 3,50 m de hauteur et il est ceinturé par un parement externe doublé d’un second parement distant d’environ 2 m, formant une banquette haute d’au plus 0,70 m ; la masse interne, composée d’un mélange de pierres et de terre, est structurée par un maillage alvéolaire de petites murettes. À environ le tiers de la longueur depuis l’ouest, le tumulus conserve une petite chambre mégalithique quadrangulaire accessible par un couloir s’ouvrant vers le nord, l’ensemble dessinant un plan en « q » ; la chambre a été en partie détruite par l’exploitation en carrière. Le couloir, long de 5 m et large de 0,80 m, était initialement couvert de grosses dalles dont une seule a été retrouvée près de l’entrée ; la chambre était délimitée par des orthostates de calcaire d’origine extérieure au site, plantés dans des fosses d’implantation, dont un seul exemplaire subsiste en place côté sud ; la surface de cette petite chambre n’excède pas 5 m².
Les terrains calcaires ont assuré une excellente conservation des ossements humains découverts dans la chambre à couloir et dans le coffre occidental. Le coffre occidental renfermait quelques fragments osseux (dents, phalanges, fragments d’os longs) attribués à au moins trois individus, une petite armature trapézoïdale et une hachette en fibrolithe ; les ossements ont été datés à 5500 et 5540 ± 45 BP, soit en dates calibrées entre 4460 et 4160 ans. À proximité du coffre, des objets découverts en surface comprennent une pendeloque en fibrolithe, un fragment de bracelet en roche verte, une hachette en silex et quelques tessons d’une céramique carénée. La chambre principale livrait des débris d’ossements correspondant à au moins cinq individus, dont deux enfants, datés entre 5470 et 5295 ± 45 BP, soit en dates calibrées entre 4450 et 3980 ans ; le mobilier d’accompagnement se réduit à des tessons d’un unique vase‑support et à une petite hachette en fibrolithe, ce qui atteste d’une sépulture collective du Néolithique moyen sans réutilisation postérieure. Enfin, l’évolution en plusieurs parties du tumulus de Péré trouve des analogies avec d’autres tumulus allongés de la région et de l’ouest de la France ainsi qu’avec des exemples d’Europe du Nord et de l’Ouest, mais ces monuments présentent une grande variété de structures internes et n’offrent pas de modèle typique ; le concept du long tumulus pourrait s’inspirer des longues maisons néolithiques du Rubané.