Origine et histoire du Site du barrage éclusé mobile
Le site du barrage éclusé mobile à aiguilles de Nitray est implanté sur le Cher, au nord du château de Nitray, à 53 m d'altitude, et s'étend sur les communes d'Athée-sur-Cher (rive gauche) et de Saint-Martin-le-Beau (rive droite). Le canal de Berry, conçu entre 1809 et 1841 pour relier Montluçon à Tours, se prolonge par la canalisation du Cher réalisée de 1836 à 1841 ; seize barrages à fermettes mobiles, fondés sur le système inventé par l'ingénieur Charles Antoine Poirée en 1833, sont alors édifiés entre Noyers-sur-Cher et Tours. Le barrage de Nitray, treizième dans le sens du courant, a été construit en 1841 sous la direction de l'ingénieur Camille Bailloud sur l'emplacement d'un ancien pertuis à bateaux ; un moulin, mentionné dès le XVIe siècle, subsiste encore sur la rive droite. L'ouvrage a pour fonction de réguler le débit et de maintenir la profondeur d'eau grâce à une série de fermettes métalliques et à des aiguilles en bois que l'on ajoute ou ôte, et il permet le passage des bateaux grâce à une écluse maçonnée. Le radier en béton qui supporte la structure du barrage a été consolidé en 1894; une restauration complète et la pose de nouvelles portes d'écluse en bois à l'identique ont été réalisées en 1996‑1997. Jusqu'aux années 1860 le trafic fluvial était important, avec près de 67 000 tonnes transitant par le Cher en 1852, puis il a chuté sous la concurrence du chemin de fer (en 1875 le trafic n'est plus que de 20 000 t). Deux syndicats intercommunaux obtiennent la concession d'exploitation en 1955, mais le Cher est déclaré impropre à la navigation commerciale en 1957; depuis lors seuls quelques bateaux de plaisance utilisent encore l'écluse, l'ouvrage étant toutefois entretenu régulièrement. À la différence d'autres barrages du Cher, l'écluse et la maison éclusière de Nitray sont placées sur la rive gauche en raison de la topographie et de la préexistence du moulin et de son déversoir sur la rive droite. Le barrage proprement dit repose sur un radier en béton qui soutient une série de fermettes reliées par un tablier mobile; environ 600 aiguilles de bois, disposées verticalement à tout-touche, barrent le cours de la rivière sur une largeur d'environ quarante mètres et une hauteur de 2,45 m. Cet aménagement permet de racheter une différence de niveau d'environ 1,25 m, comparable à celle des autres barrages mobiles du Cher. L'écluse, installée contre la rive gauche, présente un sas de 35,00 × 5,20 m fermé en amont et en aval par deux portes en bois à deux battants busqués. La maison éclusière comprend deux logements indépendants, destinés respectivement à l'éclusier et au barragiste, ainsi qu'un four à pain commun; un local de stockage des aiguilles pour l'hiver est situé à proximité. L'architecture des maisons éclusières du Cher est généralement en pierre de taille, exception faite de celle de Thésée qui associe pierre et brique. Après la disparition progressive du trafic commercial, la préservation des barrages à aiguilles a été discutée dans les années 1990; le barrage de Mazelles à Thésée a été inscrit en 1998 puis détruit par une crue en 1999‑2000, et c'est le barrage de Nitray qui a été protégé par arrêté le 7 juillet 2011. Une maquette animée installée dans la maison éclusière présente le fonctionnement du barrage.