Origine et histoire du site gallo-romain
Le site gallo-romain et mérovingien d'Escolives-Sainte-Camille, dans l'Yonne, appartient à la commune depuis une convention signée le 6 août 2007, après avoir été propriété de l'État (ministère de la Culture). Il se trouve à Escolives-Sainte-Camille, à dix kilomètres au sud d'Auxerre. Historiquement, Escolives se situait au nord du territoire des Éduens et a intégré la cité d'Auxerre lors de l'Empire des Gaules. C'est l'une des plus anciennes paroisses de l'Yonne, mentionnée dans les Gestes des évêques d'Auxerre sous les noms Vicus Scoliva puis Scolivae vicus, citée sous les évêques Aunaire et Tétrice.
Les premières occupations repérées au nord du site remontent au Néolithique ancien ; des sépultures de la fin de l'âge du Bronze et des vestiges gaulois, dont un enclos quadrangulaire, ont été fouillés par Raymond Kapps. À l'est, un camp du Néolithique moyen a été mis en évidence par photographie aérienne, et il est possible qu'une ferme gauloise ait existé sous la villa. Le site, d'environ cinq hectares, a été mis au jour en 1955 lorsque l'arrachage d'un noyer a révélé des sépultures mérovingiennes. Les fouilles ont été conduites par Raymond Kapps de 1955 à 1983, par Daniel Prost secondé de son épouse Monique de 1984 à 1989, puis par Pascale Laurent jusqu'en 1999. L'occupation de l'ensemble s'étend de la fin du Ier siècle av. J.-C. au début du VIe siècle, et les ruines gallo-romaines ont été réutilisées comme nécropole mérovingienne du VIe au VIIIe siècle. L'ensemble est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1992.
Les recherches ont mis au jour les vestiges d'une riche villa organisée autour d'une cour rectangulaire de quarante mètres sur vingt, bordée de couloirs desservant les différents espaces. Les thermes constituent les vestiges les plus importants : construits au début du Ier siècle et agrandis au IVe siècle, ils se composent de deux parties, l'une plus petite vraisemblablement réservée aux propriétaires et une plus vaste comprenant une grande piscine froide séparée de la partie chauffée par une salle dallée. Cette partie thermale, probablement louée aux voyageurs de la voie d'Agrippa située à deux cents mètres, était chauffée par un système d'hypocauste et comprend trois salles annexes successivement froide, tiède et chaude, se terminant par un sauna et des absides.
Les fondations des thermes reposent sur des blocs sculptés réemployés ; les frises montrent surtout des décors végétaux avec rinceaux d'acanthe, deux scènes de vendange permettant d'identifier un « plant de César », ainsi que des scènes mythologiques (silène, griffon, sphinge, monstre marin) et les dieux Apollon et Cernunnos. Les corniches présentent plusieurs registres de motifs romains (rais-de-cœur, oves, perles, denticules) et des caissons à fleurs alternant avec des métopes figurant animaux, végétaux, crosses ou visages.
Dans les pièces d'habitation, de nombreux fragments de décors muraux ont été retrouvés, dont une peinture de sept mètres de long et d'environ un mètre de hauteur dans une salle d'apparat située au-dessus du captage de la source. Les fouilles du captage ont livré des objets tels qu'un peigne en buis, des fragments de planches, des graines et des chaussures de cuir datées de la fin du IIIe et du IVe siècle. À l'est du site s'étend une rue bordée de petits bâtiments sur deux cents mètres, correspondant aux installations d'exploitation de la villa et entourée d'un mur d'enceinte ; cette zone demeure la moins bien connue.
D'autres monuments de nature religieuse et funéraire ont été mis au jour : deux piliers à quatre dieux, deux stèles votives, un autel votif et des fragments de monuments plus importants. Un ensemble de stèles funéraires a également été découvert contre un mur ; la plupart sont non sculptées, mais deux représentent des bustes et une montre une femme vêtue de trois tuniques et portant une serviette sur l'épaule. La provenance originelle de l'ensemble sculpté d'Escolives reste inconnue à ce jour. La nécropole mérovingienne, à l'origine de la découverte du site, comprend environ 350 tombes fouillées à ce jour, dont près de dix pour cent se trouvaient dans des sarcophages.