Origine et histoire
Le site des Hautes-Mynes, ou mines du Thillot, est un ancien ensemble d'extraction du cuivre classé monument historique, situé sur la commune du Thillot, à la bordure sud de la Haute Vallée de la Moselle, et s'étendant également sur Fresse-sur-Moselle, dans le département des Vosges. Exploité par les ducs de Lorraine entre 1560 et 1761, ce site s'inscrit dans l'histoire minière de la vallée, dont les premières activités remontent aux environs de 1550 avec une exploitation pionnière de filons d'argent dans les montagnes de Bussang et de Fresse-sur-Moselle. Une fonderie est construite à Saint-Maurice en 1560 pour utiliser le charbon de bois produit dans les vastes forêts environnantes, mais l'aventure argentifère décline vers 1580 ; Montaigne visite alors une des mines de Bussang au cours de son voyage en Italie. À partir de 1560, la montagne du Thillot connaît une production de cuivre qui se développe rapidement : de nombreuses galeries sont ouvertes sur le versant nord, la richesse des filons et le savoir-faire des mineurs portent l'activité à son apogée au XVIIe siècle, activité qui perdure jusqu'en 1761. Des exploitations contemporaines, voire antérieures, existaient sur le versant sud franc-comtois, notamment à Château Lambert, dont les galeries peuvent être très proches de celles du Thillot. Les recherches archéologiques récentes menées par l’association SESAM ont mis en évidence des particularités de l’exploitation, en particulier les techniques de percement de la roche et l’emploi de machines hydrauliques. Ces études attestent également l’utilisation de la poudre noire dès 1617, faisant des mines du Thillot, selon les connaissances actuelles, le premier lieu connu en Europe d’usage systématique de cet explosif, alors que cette innovation était jusqu’alors attribuée aux mines slovaques de Banská Štiavnica en 1627. Géologiquement, les filons du Thillot présentent un remplissage polyphasé : une phase pegmatitique riche en grands cristaux de feldspath potassique accompagnés de sulfures métalliques, suivie d’un stade hydrothermal de moyenne température où se déposent quartz et sulfures de cuivre et de molybdène, puis des phénomènes de concentration secondaire produisent des sulfures de cuivre à haute teneur. Les activités minières ont profondément modifié le paysage par des excavations et des haldes, la création de chemins, le déboisement et l’aménagement de peuplements forestiers destinés à la production de charbon de bois, ainsi que par le détournement des eaux, la création d’étangs et de canalisations pour alimenter pompes hydrauliques et bocard. Le site constitue un terrain privilégié pour l’étude des techniques de percement entre le XVIe et le XVIIIe siècle, qui incluent le travail à la pointerolle et au marteau, l’abattage au feu pour les roches trop dures, et l’emploi de la poudre noire à partir de 1617. La valorisation touristique municipale a permis d’ouvrir au public un réseau souterrain partiellement classé monument historique (classement et inscription en 1995) : la visite de trois galeries illustre l’ingéniosité des mineurs de la Renaissance pour percer la roche et extraire le cuivre. La Maison des Hautes-Mynes, installée dans l'ancienne gare du Thillot, complète la découverte du site ; un ensemble de pompage du XVIIIe siècle, remis au jour par l'archéologie, constitue le point d’orgue d’un espace muséographique où panneaux, maquettes et matériel archéologique mettent en lumière un pan méconnu de l’histoire lorraine. Le parcours de visite présente le paysage minier, la galerie Saint-Charles, la galerie de la Rouge-Montagne et la pompe du XVIIIe siècle.