Origine et histoire du Site minier de Wallers-Arenberg
L'ancien site minier de Wallers‑Arenberg, charbonnage du bassin minier du Nord‑Pas‑de‑Calais, a été créé par la Compagnie des mines d'Anzin à la fin du XIXe siècle après l'obtention des permis d'extraction en 1876. Les puits Arenberg n°1 et n°2, foncés en 1900, furent respectivement destinés à l'extraction et à l'aérage, et la fosse commença à extraire en juin 1903 ; elle fut baptisée en l'honneur d'Auguste Louis Albéric d'Arenberg. Le puits n°2, antérieur à 1914, conserve des vestiges d'une machine d'extraction à tambour cylindrique, tandis que le puits n°1 présente un chevalement de 1920 et un bâtiment de machine daté de 1900‑1903. Le puits n°3, foncé en 1954 et mis en service en 1961, possède un chevalement à portique, le plus élevé du bassin et le dernier réalisé, qui enjambe le moulinage, seul exemplaire subsistant dans le département. Exploité jusqu'en 1989, le site conserve trois chevalements d'époques et de structures différentes qui témoignent de l'évolution de l'extraction du charbon de la fin du XIXe siècle aux opérations de modernisation des années 1955‑1960. Pour améliorer le confort des mineurs, un bâtiment abritant bains‑douches et lampisterie fut édifié, prolongé par deux ailes formant la salle des pendus, et relié au moulinage par une passerelle métallique couverte. Le poste électrique est un bâtiment rectangulaire à ossature béton et parement de briques. La dynamitière, construite en béton et située à l'écart du carreau, se compose de deux séries de constructions identiques, chacune comprenant un petit édifice extérieur, un grand tumulus de terre et une galerie de stockage. Autour du carreau de fosse se développa une offre sociale et urbaine importante : cités ouvrières, écoles, école ménagère, église et salle des fêtes furent bâties pour les populations salariées. La fosse connut des modernisations marquantes : en 1936 le puits n°1 reçut un nouveau chevalement et une machine à poulie Koepe, puis, après la nationalisation de 1946, le siège fut choisi pour devenir un important centre de concentration. Le puits double n°3‑4, de grand diamètre et équipé d'installations modernes, permit l'extraction par cages et berlines de 3 000 litres, tandis que le lavoir à grains entré en service en 1961 traita jusqu'à 3 000 tonnes nettes par jour. Des travaux d'approfondissement et l'utilisation d'un tunnelier à partir de 1983 permirent d'atteindre des étages profonds et de tester des techniques nouvelles jusqu'aux dernières tailles mises en service dans les années 1980. L'extraction s'acheva fin mars 1989 ; les puits furent remblayés au cours du premier semestre 1989 et la fosse avait extrait 31 845 000 tonnes de houille. Après la fermeture, les installations furent préservées, partiellement protégées dès 1992 et réaménagées, en partie grâce à l'utilisation du site comme plateau de tournage pour le film Germinal, tournage qui contribua à accélérer les mesures de conservation. Au début du XXIe siècle, Charbonnages de France matérialisa les têtes des puits n°1, n°2 et n°3‑4 et y installa des exutoires de grisou ; le BRGM y effectue des inspections annuelles. La salle des fêtes et l'ancienne école ménagère furent inscrites aux monuments historiques en décembre 2009, puis la fosse elle‑même fut classée le 22 février 2010 ; le périmètre de protection avait été élargi après des arrêtés initiaux en 1992. Le site d'Arenberg, avec les cités pavillonnaires et de corons, l'église Sainte‑Barbe, les écoles, le dispensaire, la mare à Goriaux et le terril plat n°171, fait partie des 353 éléments inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO le 30 juin 2012. Le 25 septembre 2015 fut inauguré le centre de création cinématographique Arenberg Creative Mine, regroupant un studio d'enregistrement, un plateau TV et un système de capture de mouvement, installé dans les bâtiments des puits n°1 et n°2 et dans un bâtiment moderne. Le classement au titre des monuments historiques porte sur l'ensemble du carreau de fosse : puits, chevalements, bâtiments de machines et de recette, moulinage, salles des pendus, lampisterie, bains‑douches, passerelle, poste électrique, dynamitière, ainsi que les sols et sous‑sols inclus dans le périmètre protégé. L'exploitation a produit deux terrils : le terril conique n°160, Arenberg, haut de cent mètres et exploité à partir de 1980 dont il ne subsiste que la base, et le terril plat n°171, Mare à Goriaux, haut d'une vingtaine de mètres et long d'environ deux kilomètres, entièrement préservé. Les cités liées à la fosse présentent des typologies diverses : la cité d'Arenberg, construite de 1900 à 1923, est essentiellement constituée de maisons jumelles en front de rue ; la cité du Nouveau Monde, commencée en 1906, comprend également des maisons jumelles. La cité de Bellaing, édifiée dans l'entre‑deux‑guerres selon un plan orthogonal, regroupe majoritairement des maisons à quatre logements, tandis que les cités du Bosquet et de la Drève, bâties pour le Groupe de Valenciennes après la guerre, offrent une voirie mixte et des maisons regroupant deux logements. L'habitation du directeur se trouve à proximité de la fosse et l'église Sainte‑Barbe occupe le cœur de la cité ; les écoles, d'abord situées au sud près de l'embranchement ferroviaire, furent complétées par de nouvelles constructions dans les années 1930. Les façades et toitures de l'école ménagère et de la salle des fêtes, avec leurs décors intérieurs, bénéficient d'une protection spécifique au titre des monuments historiques. La pharmacie et le dispensaire, ainsi que le nouveau cimetière implanté à l'est des cités, participent à l'organisation complète du site minier et de sa vie sociale.