Origine et histoire de la Sous-préfecture
L'ancien hôtel particulier Goyet de Livron, qui abrite aujourd'hui la sous‑préfecture de Roanne, a été construit au XVIIIe siècle. Son attribution et sa date de construction restent discutées : certains écrits le font édifier entre 1767 et 1770 par l'architecte lyonnais Jean‑Antoine Morand pour Jacques de Flesselles, tandis que d'autres l'associent à la famille Goyet de Livron et placent sa construction en 1752, lors du passage à Roanne de Madame l'Infante, fille de Louis XV. Il a accueilli en 1771 et en 1773 les deux sœurs Marie‑Joséphine et Marie‑Thérèse de Savoie, futures épouses respectives de Louis XVIII et de Charles X ; pour Marie‑Thérèse, un théâtre provisoire fut installé dans le jardin puis transféré dans la cour de la maison Gambon sous le nom de théâtre d'Artois, utilisé jusqu'à l'ouverture du théâtre municipal. En 1804, le pape Pie VII y séjourna lors de son voyage vers Paris pour le sacre de Napoléon Ier, puis en 1815 Marie‑Thérèse de France, dite Madame Royale, y résida à son tour. En 1824, la famille de Livron vendit l'hôtel à Joseph Devillaine, homme politique et banquier local, qui y installa sa banque et participa au financement du canal latéral de Roanne à Digoin ; après sa faillite, l'État acquit le bâtiment en 1850 et le transforma en sous‑préfecture, Louis‑Napoléon Bonaparte y séjourna lors de sa visite de Roanne le 17 septembre 1852. Le 10 avril 2014, l'ensemble du bâtiment, le jardin, la clôture et la parcelle d'assiette furent inscrits aux Monuments historiques. La structure et la distribution des pièces sont restées homogènes depuis la construction. L'hôtel conserve un escalier d'honneur doté d'une remarquable rampe en fer forgé, une pièce forte et, au premier étage, une série de parquets de belle facture. Il abrite un salon octogonal de style Louis XV, boisé et marqueté, dont les quatre portes comportent serrure et clé représentant les signes d'un jeu de cartes ; ce salon servit jusqu'en 1981 de bureau au sous‑préfet. Le vestibule de l'entrée ouest est décoré de peintures au trait blanc sur fond vert réalisées à la manière de Jean‑Baptiste Pillement, dans le goût des chinoiseries du XVIIIe siècle. Le jardin, aménagé dans le style paysager au XIXe siècle, et la cour, dominée par un cèdre du Liban, complètent l'ensemble.