Station romaine de Rubricaire à Sainte-Gemmes-le-Robert en Mayenne

Patrimoine classé Vestiges Gallo-romain Camp romain

Station romaine de Rubricaire à Sainte-Gemmes-le-Robert

  • Les Buttes
  • 53600 Sainte-Gemmes-le-Robert
Station romaine de Rubricaire à Sainte-Gemmes-le-Robert
Station romaine de Rubricaire à Sainte-Gemmes-le-Robert
Crédit photo : Pascal Radigue - Sous licence Creative Commons
Propriété du département

Période

Gallo-romain, Ier siècle, Haut-Empire

Patrimoine classé

Camp gallo-romain et balneum de Rubricaire : classement par arrêté du 18 août 1917

Origine et histoire de la Station romaine de Rubricaire

La station gallo-romaine de Rubricaire, située à Sainte-Gemmes-le-Robert (Mayenne), est surtout connue par ses vestiges plutôt que par les sources écrites. Appelée aussi « château de Rubricaire », elle se trouve à la vue de Jublains, à environ onze kilomètres, et formait le premier noyau des agglomérations au pied du mont Rochard. L'établissement comprenait une voie, des habitats dispersés et des bains, ainsi que des fortifications dont on distingue encore des traces. Le camp gallo-romain et le balneum de Rubricaire ont été classés au titre des monuments historiques en 1917. L'abbé Angot a lié l'identification de Rubricaire à la station Robrica figurant sur la Table de Peutinger, arguant que le déplacement d'un nom d'une ligne à la voisine sur la copie médiévale de la carte et l'absence d'autre station concordante sur la route d'Angers au Mans rendent plausible cette correspondance. Il estimait en outre que le nom actuel et la présence d'un camp retranché correspondent à deux des données attendues pour Robrica. Au XVIIIe siècle, le curé Antoine Margerie mentionna Rubricaire dans un mémoire et reconnut l'origine romaine du site, qu'il désignait sous le nom de « château Rubricaire » en raison de l'état de conservation des murailles et des logements. Les travaux du XIXe siècle ont affecté le site : la construction de la route d'Évron à Bais en 1834 entraîna la démolition d'une partie des vestiges, et une subvention de la Société française d'archéologie fut prévue en 1853 mais employée ailleurs. Un plan sommaire dressé en 1859 signalait encore des traces de murs ; au début du XXe siècle subsistaient principalement deux murs parallèles au nord, un éperon de contrefort à l'angle sud-est et une levée de terre et de pierres en périphérie délimitant un enclos d'une douzaine d'ares. L'enceinte fut acquise par la Commission archéologique de la Mayenne par acte du 20 septembre 1887, puis donnée au département. Les déblaiements menés par l'abbé Angot en 1903 permirent d'identifier ce que l'on appelait traditionnellement la « prison » comme étant en réalité un balneum. Rubricaire est situé à courte distance de la voie romaine de Jublains au Mans, voie que la garnison du fort avait sous sa surveillance et que l'on reconnaît encore à la ligne droite générale, à des tronçons conservés, à une chaussée et à un semis de granit et de grès le long du parcours. Selon les observations d'Angot, la voie, large de huit à neuf pieds, consistait en un pavage de grands blocs solidement assemblés sur une base de terre battue, surmontée d'une épaisse couche de granit, de grès et de cailloux concassés. À proximité de la voie, des établissements agricoles et artisanaux se créèrent, certains de nature villaire, où l'on relève des briques à rebords et d'importants apports de granit ; l'abbé Angot mentionne plusieurs villas découvertes dans ces environs. La station disposait pour sa garnison d'un établissement de bains comprenant bains froids, étuve et bains chauds ; ces installations furent retrouvées et partiellement exhumées autour de 1890, puis fouillées en 1903 avec le concours de la Commission historique de la Mayenne. L'ensemble des bains, situé hors de l'enceinte, est orienté dans l'axe S.-O. / N.-E. et se compose d'un bâtiment principal rectangulaire de 12,50 m sur 6,50 m, accolé à l'angle ouest à une annexe rectangulaire de 4,50 m sur 2 m terminée en abside vers le S.-O. La disposition intérieure comprenait, en commençant au N.-E., une salle de service au niveau du sol, un vestibule élevé au-dessus d'un fourneau à hypocauste puis une étuve sur hypocauste dans l'abside ; l'accès se faisait par une porte au N.-O. L'eau nécessaire provenait du lieu-dit le Châtelier, où la source jaillit en une dizaine d'endroits à quelque 200 mètres de Rubricaire, et, captée, elle pouvait alimenter tant le camp que les bains. Après la disparition des institutions romaines vers la fin du IIIe siècle, le site réapparaît sous le nom de villa Rupiacus, dite Rochard, dont l'étendue atteignait la limite du territoire d'Évron et qui fut attribuée, avec Jublains, à l'évêché du Mans. Les documents évoquent la création d'une abbaye par l'évêque Hadouin et l'attribution de domaines à cette institution, et les Actes des évêques du Mans signalent à la fois la possession de Rupiacus par l'évêché et des traditions divergentes sur son origine. Plus tard, des chartes carolingiennes restituèrent ou confirmèrent la villa à l'évêché, et les règnes médiévaux virent des évêques, notamment saint Aldric, mettre en valeur le domaine de Rupiacus et favoriser l'installation d'exploitations agricoles. Vers la fin du IXe siècle, les Actes rapportent qu'un siège de pillage sur le domaine épiscopal de Rupiacus contraignit l'évêque Gontier à se retirer dans son château de Rochard pour y relever les ruines. Les Francs mérovingiens et carolingiens réutilisèrent largement les fondations romaines et créèrent de nouvelles fermes dans la région : plusieurs établissements présentent des vestiges qui témoignent d'occupations successives romaine et franque, ainsi que d'aménagements propres à l'époque franque. Ces fermes, liées aux domaines épiscopaux mentionnés dans les Actes de saint Aldric, se concentrent dans le territoire de la paroisse de Sainte-Gemme, qui ne s'était pas encore constituée formellement à l'époque franque. C'est au Xe siècle, selon les témoignages retenus, que l'évêque du Mans fit édifier une église dédiée à sainte Gemme sur ce vaste territoire, marquant ainsi la transformation progressive du lieu en paroisse. Pour l'abbé Angot, Rubricaire, Rochard et la paroisse de Sainte-Gemme forment une continuité historique rare par la précision et la longévité des mentions qui les concernent.

Liens externes