Origine et histoire de la Statue de Napoleon Ier
Le monument commémoratif de Napoléon Ier se trouve à Bastia, sur la place Saint-Nicolas, où il a été érigé en 1853 ; il s’agit d’une œuvre du sculpteur florentin Lorenzo Bartolini (1777-1850) et elle a été classée monument historique. À l’origine, la statue fut commandée par Elisa Bonaparte pour célébrer le régime impérial et sa domination en Europe, la destination réelle restant discutée entre la villa d’Elisa à Lucques et la grande place de Livourne. Elisa avait créé des places Napoléon et ouvert un atelier pour produire des portraits de la famille impériale, en confiant la direction et l’enseignement de cet atelier à Bartolini. La ville de Livourne officialisa la commande en 1808, et la statue fut achevée en 1813, mais le projet fut ensuite abandonné et l’œuvre resta dans l’atelier du sculpteur. Après 1814, Livourne demanda à Bartolini de reprendre la statue, qui y demeura jusqu’à la mort de l’artiste ; des contacts furent repris vers 1849 avec Bastia et l’arrivée au pouvoir de Louis‑Napoléon Bonaparte raviva l’intérêt pour l’œuvre. Bastia s’engagea finalement à accueillir le monument sur la place Saint-Nicolas nouvellement aménagée ; la statue fut acquise pour quarante mille francs et installée en 1853. La composition représente Napoléon comme un empereur romain à la manière d’Auguste : couronné de lauriers, vêtu d’une toge, tenant le sceptre de la main gauche et le rouleau du législateur de la main droite ; la présence de l’aigle et certaines proportions évoquent également l’image de Jupiter. Un seul des deux bas-reliefs prévus fut réalisé ; il met en scène une allégorie d’un fleuve, évoquant les franchises du port de Livourne, et une Victoire sur un quadrige conduite par un génie ailé, figure d’hommage à la sœur de Bonaparte parfois interprétée comme la patrie, menée par le génie de la Corse. Les armoiries de Bastia ornent trois côtés du piédestal, qui porte aussi deux inscriptions latines. Ce monument constitue un exemple significatif de la sculpture officielle néoclassique de l’Empire et illustre l’usage de la sculpture comme outil de propagande impériale en Europe.
