Origine et histoire de la Statue de Vercingétorix
Le Monument de Vercingétorix, œuvre du sculpteur Aimé Millet, domine depuis 1865 le village d'Alise‑Sainte‑Reine, sur le mont Auxois, site de l'oppidum d'Alésia. La statue fut érigée en août 1865, financée par Napoléon III, mais elle ne fut jamais inaugurée. Construite à Paris et exposée au Salon de 1865 au palais de l'Industrie, elle fut transportée et installée le 27 août 1865 à l'extrémité ouest du mont Auxois, dominant le champ de bataille. L'ensemble associe une statue en tôle de cuivre battue et repoussée, rivetée sur une charpente métallique, haute de 6,60 m et d'environ cinq tonnes, à un piédestal de 7 mètres en granit de Saulieu et pierre de Pouillenay dessiné par Eugène Viollet‑le‑Duc. Un bandeau de bronze porte la devise « La Gaule unie, formant une seule nation, animée d'un même esprit, peut défier l'univers », variation d'un passage rapporté par Jules César dans De Bello Gallico (VII, 29) et marquée par le vocabulaire national du XIXe siècle ; en dessous figure l'inscription « Napoléon III, empereur des Français, à la mémoire de Vercingétorix ». La statue est creuse et son mode de fabrication la rapproche, par principe, de la statue de la Liberté. Vercingétorix y est représenté dans un style romantique, archétype de l'image du Gaulois au XIXe siècle : moustaches tombantes, longs cheveux hirsutes, attitude morne et traits évoquant Napoléon III, ainsi qu'un collier de perles. La parure et les armes présentent de nombreux anachronismes : les bandelettes entourant les braies appartiennent aux débuts du Moyen Âge, la cuirasse et l'épée s'inspirent de modèles de l'âge du Bronze, antérieurs de plusieurs siècles à l'époque de Vercingétorix, et le collier relève de la fantaisie. Dès sa création, le monument a suscité critiques et éloges : certains commentateurs estimaient que Millet n'avait pas su saisir poétiquement la figure, tandis que d'autres, comme Théophile Gautier, saluaient la grandeur et la netteté des profils, adaptés à une vision de loin. Admirateur de Jules César, Napoléon III soutint la redécouverte et la mise en valeur de l'histoire gauloise, fit entreprendre d'importantes fouilles pour retrouver le site d'Alésia et fit ériger cette statue qui reflète aussi ses ambitions politiques. La rumeur selon laquelle la statue aurait été financée sur ses fonds personnels est infondée : un arrêté du 2 juillet 1862 précise que les frais du piédestal et de la statue seraient imputés au crédit des ouvrages d'art et décorations d'édifices publics. Après la défaite de 1871, Vercingétorix devint une figure nationale mobilisée dans le sentiment de revanche contre l'Allemagne, renforçant la portée symbolique du monument et faisant taire une partie des critiques. Le projet allemand du Hermannsdenkmal, commencé en 1841 et achevé en 1875, a sans doute inspiré Millet et Napoléon III, le mythe d'Arminius engendrant en réaction celui de Vercingétorix. L'ensemble monumental a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 17 janvier 2014. D'autres hommages à Vercingétorix existent, notamment la statue de François Mouly (1887) à Gien en fonte de la fonderie de Tusey, la statue de Frédéric Auguste Bartholdi (1903) à Clermont‑Ferrand et le monument de Gergovie (1900) par Jean Teillard.