Origine et histoire de la Statue-menhir
L'architecture mégalithique en Corse se développe dans un contexte de cultures sédentarisées. La statue-menhir de Tavera, appartenant au groupe corse, a été découverte lors d'une prospection au début de 1961 dans la vallée de la Gravona, à demi-enterrée et face contre terre sur les contreforts du col de Tagliafarro ; elle a été redressée près de son lieu de découverte. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 21 décembre 2011, elle gisait à quelques mètres d'un castellu médiéval probablement implanté sur une occupation antique et protohistorique du second âge du fer. Les fouilles autour de la statue ont mis au jour des vestiges possibles d'un dispositif de calage et du mobilier lithique daté de la fin du Néolithique ou du début de l'âge du bronze. Roger Grosjean, qui a fouillé le site, a découvert un petit mobilier comprenant fragments de lames en silex et quartz, une pointe de flèche en silex, éclats d'obsidienne, un fragment de bronze et des tessons de céramique ; à environ 50 m au sud, il a également repéré trois grandes dalles enchâssées dans un muret qui pourraient provenir d'un ancien dolmen. Sculptée en ronde-bosse dans un granite à grain fin, dont un gisement a été identifié à environ 5 km, la statue mesure 2,42 m de hauteur, 0,34 m de largeur à la base et 0,44 m aux épaules. Découverte en très bon état, elle conserve des traces de façonnage et, selon Roger Grosjean, représente « une des plus belles et des plus harmonieuses de Corse ». Le fût est lisse, aux angles arrondis, et le front légèrement bombé ; la tête arrondie présente des oreilles saillantes, un bloc nez-arcade en relief, des yeux rapprochés en creux et une bouche fermée figurée par une courte gravure. À la hauteur de la ligne claviculaire, un arc de cercle en relief relie les épaules saillantes et est interprété comme un collier ; des gravures de croisillons, aujourd'hui disparues, évoquaient une chevelure ou une résille. Au dos, la face postérieure des épaules en relief et l'emplacement de la colonne vertébrale en creux suivent un schéma fréquent sur de nombreuses statues-menhirs insulaires.
