Origine et histoire des Substructions gallo-romaines
Le site gallo‑romain des Châteliers, à Paizay‑Naudouin‑Embourie (Charente), occupe un promontoire dominant une vallée encaissée, à la limite des départements de la Charente et des Deux‑Sèvres, près d'Embourie. Il rassemble les substructions d'une vaste villa occupée et remaniée de la période augustéenne au début du Ve siècle. Les premières occupations augusto‑tibériennes se manifestent par une architecture en bois et terre et des sols empierrés, peut‑être l'origine d'une première villa qui, après un incendie, a été reconstruite dans les années 30‑40. Vers le troisième quart du Ier siècle ap. J.-C., une villa imposante, au plan complexe peut‑être en U autour d'une cour, est édifiée ; elle se distingue par un riche décor d'enduits peints et des aménagements hydrauliques. Le bâtiment est profondément remanié à la fin du IIIe ou au début du IVe siècle, mais conserve un plan complexe : la cour subsiste et certains murs réutilisent des soubassements antérieurs tandis que d'autres s'appuient sur des fondations plus sommaires. Rien n'atteste une occupation mérovingienne après l'incendie survenu dans la première moitié du Ve siècle. Découvert en 1968, le site a fait l'objet de fouilles jusqu'en 2003 et a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 12 février 1983. Sur plus de deux hectares, il correspond plutôt à la pars urbana d'une villa qu'à une agglomération secondaire, hypothèse qui n'a pas été confirmée. L'architecture du Haut‑Empire présente un ensemble de pièces disposées autour d'un espace ouvert ; l'une d'elles, de grandes dimensions, est pourvue d'une abside orientée à l'est. Les murs sont généralement maçonnés en petits moellons ; on y a retrouvé des bases de colonnes et un dispositif d'évacuation d'eau qui pourrait servir à la vidange d'un bassin central. Après la reconstruction du Bas‑Empire, l'organisation intérieure reste complexe mais difficile à restituer précisément. Le décor mural, présent à toutes les phases d'occupation, témoigne du statut élevé des occupants ; dans au moins quatorze pièces, des motifs aux couleurs vives — ocre, rouge bordeaux, vert et bleu — sont datés de la période 30‑70 ap. J.-C. D'autres fragments d'enduit, de facture plus grossière, n'ont pas pu être datés et peuvent appartenir à différentes étapes de l'occupation.