Sucrerie de Francières dans l'Oise

Sucrerie de Francières

  • 60190 Francières
Sucrerie de Francières
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Sucrerie de Francières
Sucrerie de Francières
Crédit photo : Owen Phillips - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Période

2e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Ensemble des bâtiments, exceptés la laverie, la citerne à fuel lourd moderne et le nouveau bâtiment de stockage agricole construit en 1995 (cad. ZA 33 ; ZK 1 ; A 74 à 81, 97 à 104, 111, 112, 115) : inscription par arrêté du 22 juin 1999

Origine et histoire

La sucrerie de Francières, située dans le hameau de La Sucrerie le long de la RD 1017, a été fondée en 1829 et a cessé son activité en 1969. L'édifice principal comprend la grande halle de fabrication centrale, les salles contiguës à l'est et les pavillons d'entrée ; les bâtiments en brique d'origine conservent des murs ornés d'arcades en plein cintre et de moulures sous les corniches. L'ensemble rassemble les installations nécessaires à la transformation de la betterave : cour de déchargement, transporteurs hydrauliques, salle de lavage (1930), salles de découpage et de diffusion au deuxième étage, ainsi que les locaux d'épuration, d'évaporation et de cristallisation situés au rez-de-chaussée et au premier étage, pour l'essentiel datés de la seconde moitié du XIXe siècle. Le site comprend en outre des bâtiments annexes et des habitations des XIXe et XXe siècles qui témoignent des activités industrielles et de la vie du hameau, parmi lesquels distilleries, hangars, embranchement ferroviaire, bureaux, laboratoires, remises et divers bâtiments d'élevage, ainsi que le logement patronal avec jardin, logements ouvriers, jardins ouvriers, une école, une chapelle et un abri souterrain.

La sucrerie est créée en 1829 par Thirial et Bertin ; elle devient en 1830 la société Cadeau et Cie, puis est rachetée en 1833 par Crespel-Delisse, qui fait édifier de nouveaux bâtiments. En 1854 elle prend le nom de Leyvraz et Cie, puis en 1859 est acquise par Grieninger et Bachoux, qui étendent les ateliers et font construire un four à chaux, une cheminée d'usine, une nouvelle chaufferie et une orangerie. À partir de 1880 l'usine s'étend vers le sud avec une nouvelle distillerie, un four à potasse et deux entrepôts industriels, et en 1893 un embranchement ferroviaire la raccorde à la gare d'Estrées-Saint-Denis ; après 1918 une extension vers le nord est engagée. Vers 1930 sont édifiées une troisième distillerie au nord, deux réservoirs à alcool, la laverie, la chaulerie et plusieurs maisons ouvrières, tandis que le logement patronal et la partie centrale des ateliers sont réaménagés ; les bureaux sont reconstruits vers 1950. À différentes époques le site est équipé de chaudières et de machines à vapeur, et l'effectif salarié évolue selon les périodes d'activité.

La sucrerie est occupée et réquisitionnée à plusieurs reprises pendant la Première Guerre mondiale, et la cheminée reçoit un coup d'obus en 1918. Lors de la Seconde Guerre mondiale l'usine fonctionne sous occupation allemande avec une partie de la production réquisitionnée et l'apport de main-d'œuvre contrainte ; certaines mesures internes permettent à des ouvriers d'échapper au Service du Travail Obligatoire. L'entreprise connaît son apogée dans l'entre-deux-guerres et fait l'objet de modernisations avant et après la Seconde Guerre mondiale. Dans les années cinquante et soixante, restée familiale et investissant dans des technologies peu novatrices, la sucrerie ne parvient pas à suivre la concentration du secteur ; elle fait faillite en 1969 et tout le personnel est licencié.

Après la fermeture, les bâtiments industriels sont en grande partie abandonnés, le matériel vendu ou ferraillé et le hameau se dépeuple, tandis que la S.A.F. conserve la propriété foncière et exploite encore les terres. Alerté par l'Inventaire général, Jean-Pierre Bricout crée en 1996 avec l'historien Jean-Pierre Besse l'Association pour la Sauvegarde de la Sucrerie de Francières (ASSF) afin de préserver le site. Le site est inscrit aux monuments historiques depuis 1999. Des travaux de sauvegarde et de restauration menés par l'association et des bénévoles ont concerné l'école (2004–2005), la chapelle (2006–2009), la cheminée (2014), le laboratoire (2014–2018) et le puits d'origine (2019). En 2009 la S.A.F. signe un bail emphytéotique avec l'ASSF pour poursuivre la réhabilitation et, en 2012, un centre d'interprétation de l'industrie sucrière et des agro-ressources est inauguré dans les halles principales, géré par Planète Sciences Hauts-de-France. Soutenu par des collectivités et des partenaires privés, le centre comprend un espace d'interprétation et un parcours de découverte des agro-industries. En 2023 le four à chaux bénéficie d'une reconnaissance dans le cadre d'une mission nationale de sauvegarde du patrimoine en péril et le site participe au Loto du Patrimoine. La sucrerie de Francières demeure un témoignage majeur de l'histoire de l'industrie sucrière en France et en Europe, conservant une large part des bâtiments techniques et des installations liés à la production.

Liens externes