Sucrerie Saint-Louis à Eppeville dans la Somme

Sucrerie Saint-Louis

  • 80400 Eppeville
Sucrerie Saint-Louis
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Sucrerie Saint-Louis
Sucrerie Saint-Louis
Sucrerie Saint-Louis
Crédit photo : Pimvantend - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XXe siècle

Patrimoine classé

Les parties suivantes de l’ancienne sucrerie Saint-Louis Sucre, située 90 rue du Maréchal-Leclerc : le hall de fabrication ou bâtiment en « E » (bâtiment n°18-18A-18B), à l’exception de l’extension Est nommée « Effusion » et des appendices ajoutés en façade. Le bâtiment sus-mentionné figure au cadastre, section AB, parcelle 40, tel que délimité et numéroté sur le plan annexé à l’arrêté : inscription par arrêté du 10 décembre 2021

Origine et histoire

La sucrerie d'Eppeville, dite Sucrerie Saint‑Louis, est une usine sucrière située à Eppeville (Somme), emblématique de la reconstruction de la Haute‑Somme après la Première Guerre mondiale et inventoriée pour cet enjeu. Établissement de la société Saint Louis Sucre, elle a fermé ses portes en février 2020.

Une sucrerie est mentionnée à Eppeville dès 1828 ; elle devient la société Letombe en 1835 puis, après plusieurs changements de propriétaires — Bostenn et Compagnie (1857), Legrand et Compagnie (1889), Bocquet et Compagnie (1893) — prend la forme d'une société anonyme sous le nom de Sucrière d'Eppeville. L'usine fut dynamitée par l'armée allemande en 1917‑1918 ; seul subsista d'avant 1914 un logement d'ouvriers daté de 1901. Après la guerre, la Compagnie nouvelle des Sucreries réunies (CNSR) réunit quatorze sucreries sous l'impulsion du raffineur Edme Sommier et de l'ingénieur Émile Tabary, qui visent à construire la plus grande sucrerie de France. Le site retenu en 1919, entre le canal de la Somme et la ligne ferroviaire Amiens‑Tergnier et traversé par la route nationale 30, couvre 190 000 m2. Pour diriger la construction, Edme Sommier confie les plans à l'architecte Georges Lisch ; les études menées par Émile Tabary et Georges Lisch permettent de planifier le chantier de 1919 à 1922.

La reconstruction de l'usine et des logements ouvriers illustre l'architecture industrielle de l'Entre‑deux‑guerres ; l'usine, en partie bombardée en 1940, est reconstruite entre 1941 et 1945 et connaît des agrandissements au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Les travaux commencent en 1920 par la stabilisation d'un terrain marécageux confiée à l'entreprise Jean et Georges Hersent ; les fondations coûtent dix millions de francs. L'ampleur du chantier conduit la firme tchèque Skoda, filiale du groupe Schneider, à assurer le montage de la structure métallique, aidée par six cents ouvriers tchèques, tandis que cent soixante entreprises participent au chantier entre 1920 et 1922. Les plans établis par Georges Lisch en 1921 donnent à l'usine la forme d'un E ; la grande façade principale, inspirée de la gare du Havre construite par Juste Lisch, présente un vaste ouvrant central surmonté d'une inscription en céramique verte « Fabrique de sucre » qui tranche avec les briques orangées.

À l'écart de l'usine, le château en brique construit en 1921‑1922 en forme de L sur trois niveaux abrite la direction et le logement du directeur et s'ouvre sur un vaste parc à l'anglaise ; la ferme associée comprend une aile nord de communs et une aile sud dédiée au logement du personnel. Des photographies documentent la gare d'eau et les ponts transbordeurs, ainsi que le château et le parc.

Dès mai 1920, la CNSR engage la construction des logements ouvriers pour un montant de quatorze millions de francs, sur plans de Georges Lisch, avant même l'achèvement de l'usine. L'ensemble comprend l'Hôtel de Fabrique, un bâtiment en U pouvant loger cent cinquante ouvriers saisonniers dans des chambres de trois ou quatre lits et abritant une cuisine et une salle de cantine ; la Petite Cité, formée de cinq longs bâtiments en L pour les ouvriers permanents ; et la Cité Germaine, conçue comme une cité‑jardin de treize bâtiments en T répartis en logements mitoyens destinés aux ouvriers et employés les plus qualifiés. Dans cet ensemble, les voies et la cité conservent la mémoire d'Edme Sommier et de ses nièces à travers plusieurs noms de rues tels que la rue Germaine, la rue Alice et la rue Sommier.

La CNSR a fusionné avec les raffineries Saint Louis de Marseille au sein de la société Sucreries Raffineries Sol Bouchon Saint Louis S.A., devenue en 1968 la Générale Sucrière ; le groupe Saint Louis Sucre a été racheté en 2001 par le groupe allemand Südzucker. En février 2019, Südzucker annonce la fermeture du site, invoquant la chute des cours mondiaux du sucre et la suppression des quotas, avec un transfert prévu de la production et des 132 salariés vers le site voisin de Roye en 2020 ; l'usine a finalement fermé ses portes en février 2020. Le propriétaire actuel semble souhaiter raser l'intégralité de l'usine avant de procéder à la revente du site.

Liens externes