Origine et histoire
La synagogue de Balbronn est un ancien lieu de culte juif situé rue des Femmes à Balbronn (Bas‑Rhin), édifié en 1895 dans un style néo‑roman ; ses façades et sa toiture sont classées monument historique. Elle s'inscrit dans la tradition des synagogues néo‑romanes construites en Alsace pendant l'annexion allemande et manifeste, par l'emploi de l'arc outrepassé à influence orientalisante, la volonté de définir un vocabulaire « hébraïque » distinct des styles historicistes occidentaux. Une communauté juive est attestée à Balbronn depuis au moins 1665 et a disposé, outre cette synagogue, d'une ancienne salle de culte située 47‑48 rue Balbach, dite « Maison des Juifs », datée de 1638 et utilisée comme synagogue après 1730 ; le village comptait également un mikvé et une école juive. À la fin du XIXe siècle la communauté représentait jusqu'à un cinquième de la population locale, avec 207 personnes sur 995 habitants en 1882. Parmi les originaires de Balbronn figurent Henry Lévy, Jules Bauer et Anselme Schwartz, personnalités évoquées pour leurs carrières religieuses, savantes et médicales, et pour les destins tragiques de certains d'entre eux pendant la Seconde Guerre mondiale. Inaugurée le 10 décembre 1895, la synagogue a été saccagée pendant l'occupation de 1940‑1945, mais elle a échappé à la destruction et a été restaurée pour poursuivre le culte jusqu'à la fin des années 1960. Elle a été formellement désaffectée par décret le 30 mars 1989 à la demande du Consistoire israélite du Bas‑Rhin. Un projet de transfert pierre par pierre vers Pisgat Zeev, près de Jérusalem, a reçu un permis de démolition le 10 septembre 1993 pour une durée de cinq ans, mais il a été interrompu après le placement du bâtiment en « instance de classement » le 27 mars 1998, puis par son inscription au titre des monuments historiques le 10 février 1999. Depuis cette inscription, l'édifice attend une restauration intérieure ou une réaffectation. L'architecture relève du Rundbogenstil et du néo‑roman, appliqués à une synagogue rurale de la dernière génération dite « monumentale » en Alsace, caractérisée par sobriété et délicatesse. Le bâtiment présente un plan rectangulaire rythmé par six travées de fenêtres et mesure près de 23 mètres de long sur 12 mètres de large. La façade occidentale, en grès des Vosges et haute d'environ 15 mètres, est flanquée de piliers ornés de l'Étoile de David, percée d'une rosace et couronnée par les Tables de la Loi au‑dessus du faîtage. Au‑dessus de la porte d'entrée, sous les arcs en plein cintre, une inscription hébraïque reproduit un verset des Psaumes (« C'est la porte de l'Éternel, les justes la franchiront ») et, en dessous, figure l'année d'achèvement selon le comput hébraïque (5655) en lettres‑chiffres hébraïques. Les façades latérales sont traitées sobrement en maçonnerie enduite. Dans le vestibule, deux escaliers conduisent à la galerie des femmes qui encadre l'espace de culte. L'intérieur combine enduit clair, marbre blanc de l'Arche sainte, colonnettes en bronze coulées à Mannheim, fonte des garde‑corps de la bimah et vitraux géométriques, mais c'est le sapin apparent, utilisé en lambris de couvrement en forme de carène sur les trois faces du plafond, qui domine l'esthétique intérieure. Une balustrade de galerie en sapin reprend le motif des colombages alsaciens. L'Arche sainte, placée à l'est et aujourd'hui vidée des rouleaux de la Torah, porte sur son fronton l'inscription hébraïque דע לפני מי אתה עומד (« Sache devant Qui tu te tiens »). Le mur de l'Aron Hakodèsh est décoré d'une fresque en trompe‑l'œil évoquant le parokhet, et d'autres motifs intérieurs renvoient à l'Antiquité hébraïque, comme le rappel possible des colonnes Jachin et Boaz et le décor en spirale des colonnettes. La capacité de l'édifice était de 100 hommes et 60 femmes.