Origine et histoire de la Synagogue
La synagogue de Pfaffenhoffen, aujourd'hui désaffectée, est l'une des plus anciennes du Bas-Rhin. La présence juive y est mentionnée dès 1594; une communauté réduite est attestée à partir de 1628, elle s'est développée au XVIIIe siècle et n'a disparu qu'à la fin de la dernière guerre. L'édifice, construit et inauguré en 1791 selon la date gravée sur le linteau, est souvent cité comme la dernière survivante d'une lignée de synagogues rurales destinées à de petits groupes. Il servait à la fois de lieu de culte, de centre communautaire, d'école, d'hébergement pour les voyageurs pauvres et même de lieu de fabrication des pains azimes pour la Pâque. Le sous-sol abritait probablement un bain rituel (mikvé) alimenté par une source. Après la guerre, l'encadrement de l'Aron hakodesh fut déplacé dans le mur nord et remplacé par celui de la synagogue désaffectée de Mulhausen avant d'être remis en place lors de la restauration à la fin du XXe siècle, opération qui s'est poursuivie en 1999. Le bâtiment est classé au titre des monuments historiques depuis le 26 mai 1992.
De plan rectangulaire et mitoyen d'une ancienne usine, l'édifice s'allonge en profondeur et ne se distingue des maisons de la ruelle que par la hauteur des fenêtres du premier étage, où se trouvait la salle de prière. Les murs gouttereaux orientaux et occidentaux sont plus courts que les murs-pignons; la maçonnerie est enduite et le pignon nord est en pan de bois. La clé du linteau porte discrètement la date hébraïque 5551 (1791).
La salle de prière, située à l'étage supérieur, conserve un encadrement polychrome de l'Arche sainte (Aron hakodesh). Au rez-de-chaussée, la grande salle communautaire (kahlstub) servait aussi d'école juive (heder); vers l'arrière se trouvent deux petites pièces, dont une chambre grillagée destinée au repos du voyageur pauvre, et une cuisine qui a gardé un évier en grès mais dont le four a disparu. Depuis la salle communautaire, une trappe donne accès à un escalier en pierre menant au sous-sol où se trouvait probablement le mikvé; dans le couloir une fontaine datée de l'an hébraïque 5505 (1744-1745) servait aux ablutions.
La salle de culte est divisée en deux espaces: un plus petit pour les femmes et un plus vaste pour les hommes, séparés par un petit muret (mekhitsa) autrefois complété par un rideau. L'Aron, logé dans un renfoncement, présente un encadrement en pierre orné de colonnes enlacées de pampres soutenant un linteau daté 5551; ce linteau est sculpté de deux lions portant la couronne fleurdelisée de la Torah et encadré d'inscriptions en hébreu qui proclament «L'Éternel est toujours en face de moi» et «Sache devant qui tu te tiens». Le soubassement des colonnes comporte des avancées munies de picots pour fixer des cierges, et les portes de l'armoire étaient dissimulées par un rideau d'Arche en velours brodé.