Origine et histoire de la Synagogue
La synagogue et l'ancienne maison du rabbin se situent à Verdun (Meuse), en Lorraine, dans la région Grand Est.
La première synagogue, construite en 1805 sur l'emplacement de l'ancien couvent des Jacobins, fut presque entièrement détruite par les bombardements de la guerre franco-allemande de 1870.
L'édifice actuel a été élevé de 1873 à 1875 par l'architecte Henri Mazilier sur ce même emplacement.
En 1872, un bâtiment rectangulaire accolé, comprenant cave, rez-de-chaussée, étage et combles, fut construit pour loger le ministre-officiant et le rabbin ; cet ensemble est l'unique exemple de ce type en Lorraine.
La synagogue, profanée par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, a été restaurée par des membres de la communauté israélite de l'armée américaine.
Des travaux de restauration ont été entrepris à partir de 1995 ; par exemple, les Tables de la Loi, détruites lors d'une tempête en août 1958, ont retrouvé leur place au sommet de l'édifice.
En mars 2016 la synagogue a été la cible de tags antisémites.
Une campagne de restauration soutenue par la Fondation du Patrimoine a été lancée en 2019 pour une durée de trois ans.
L'édifice a été classé au titre des monuments historiques le 7 octobre 2002 et conserve plusieurs objets de culte classés depuis le 7 décembre 1998.
La synagogue relève du style hispano‑mauresque, inspiré de l'architecture de l'Espagne islamique.
Ce style se manifeste par la polychromie des matériaux — calcaire blanc et brique rouge — l'emploi d'arcs outrepassés et de merlons chantournés.
Le bâtiment de plan rectangulaire est précédé de deux parvis ; l'entrée principale à l'ouest s'ouvre par un porche rythmé par quatre colonnes supportant des arcs outrepassés.
Le décor, composé de motifs géométriques et végétaux, intègre des caractères hébraïques ; des étoiles de David figurent dans les rosaces et les Tables de la Loi couronnent l'édifice.
À l'intérieur, la nef réservée aux hommes comprend trois vaisseaux séparés par des colonnes de fonte qui portent les galeries destinées aux femmes.
Un bain rituel est installé au sous-sol et des pans vitrés de la toiture assurent l'éclairage en l'absence de fenêtres latérales.
La synagogue conserve plusieurs objets liturgiques, dont six classés aux monuments historiques.
La plaque de Torah (tass), en laiton argenté du XVIIIe siècle, est de forme trapézoïdale et présente des pilastres et des volutes ornés de fruits et de fleurs ; elle est classée le 7 décembre 1998.
La main de lecture (yad), en argent du XIXe siècle, sert à lire la Torah sans la toucher et est classée à la même date.
Deux rimonim en argent — le premier, du XVIIIe siècle, œuvre de l'orfèvre messin Jean‑Baptiste Gibout et offert par Païsse et son épouse Ritzel, le second attribué à Étienne Savoye à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle — présentent des décors floraux et une grenade sommitale ; les deux sont classés le 7 décembre 1998.
La lampe de Hanoucca en laiton du XIXe siècle, dont un brûleur placé sous l'étoile de David transmet la flamme aux huit autres supports et qui peut être alimentée par une seule fiole d'huile pendant les huit jours de la fête, est classée le 7 décembre 1998.
Une coupe de sanctification en argent ciselé, datée de 1875, en forme de tulipe sur un pied à quatre nœuds et ornée d'un décor floral, porte l'inscription « Offert par Mme Gustave Levy, née Pauline Daniel (de Verdun) le 19 février 1875 » ; elle a été classée le 7 décembre 1998.