Origine et histoire
Construite sous le Second Empire, la grande synagogue de Marseille, dite aussi grand temple, se trouve au 117 rue Breteuil, dans le 6e arrondissement. Une souscription lancée en 1855 par le consistoire a permis d'envisager la reconstruction d'un temple plus vaste; les plans de Nathan Salomon, adoptés en 1860, ont été exécutés et la première pierre posée le 15 juillet 1863. L'inauguration a eu lieu le 22 septembre 1864. Le parti architectural retenu est basilical, avec des tribunes réservées aux femmes. La façade, en pierre et monumentale, est flanquée de deux pavillons qui séparent les espaces de culte, d'enseignement et d'administration; elle est ornée d'une rosace d'inspiration romane et dominée par les Tables de la Loi. Le bâtiment adopte un style romano-byzantin qui mêle références et matériaux d'Orient et d'Occident, lui conférant une place singulière dans le paysage marseillais. Deux constructions attenantes abritent aujourd'hui l'ensemble des services du Consistoire israélite de Marseille. L'entrée principale s'ouvre par deux grandes portes en bois et la salle offre une capacité d'environ 1 200 places, dont 800 au rez-de-chaussée et 400 à l'étage. Un second niveau comprend des salles autrefois consacrées à l'enseignement religieux. Le sol marbré conduit l'assemblée jusqu'à l'arche sainte où sont déposées une vingtaine de rouleaux de Torah utilisés pour les offices. Au centre du rez-de-chaussée se trouve une estrade en bois, offerte en 1889 par Naquet, président du Consistoire central israélite de France, pour le centenaire de la Révolution française; c'est de cette estrade que sont conduits les offices et les lectures publiques. Une chaire en bois, vestige de l'influence architecturale chrétienne à l'époque de la construction, existe mais n'a jamais été utilisée. Les vitraux colorent l'intérieur et un orgue, datant de 1900, est toujours en état de fonctionnement et utilisé notamment lors des mariages. Pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs fidèles furent arrêtés lors d'un office de Hanoucca; malgré des bombardements à proximité, l'édifice resta intact et seuls les vitraux durent être remplacés, l'orgue ayant pu être débarrassé des débris. Dans la cour basse a été aménagé le mur des Noms, mémorial des Juifs déportés pendant la guerre. La synagogue, inscrite aux monuments historiques depuis le 1er août 2007, a été renommée Breteuil - Beth Yossef le 18 décembre 2018 en hommage à l'ancien grand rabbin Joseph Haïm Sitruk. Elle accueille aujourd'hui les offices quotidiens, les shabbats, les fêtes et de nombreuses cérémonies communautaires; environ une vingtaine de mariages y sont célébrés chaque année, ainsi que de nombreuses Bar Mitsva et Brit Milah. Monument du patrimoine marseillais, elle est visitable sur simple réservation, avec ou sans guide.