Synagogue en Meurthe-et-Moselle

Synagogue

  • 54000 Nancy
Synagogue
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Crédit photo : Olivier Lévy - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une association

Période

XVIIIe siècle, XIXe siècle, 2e quart XXe siècle

Patrimoine classé

Synagogue (cad. BX 230) : inscription par arrêté du 11 juillet 1984

Origine et histoire

La synagogue de Nancy, située au 17 boulevard Joffre (Meurthe‑et‑Moselle), a été édifiée entre 1787 et 1788 par l'architecte Augustin‑Charles Piroux, auteur également de la synagogue de Lunéville. Son inauguration est datée, selon les sources, de 1788 ou du 11 juin 1790. Agrandie en 1841 et 1861, elle a reçu une nouvelle façade en 1935, dessinée par l'architecte Alfred Thomas lors de l'ouverture du boulevard Joffre, et porte l'inscription « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Cette façade, plus large que le bâtiment, lui donne une apparence avantageuse. La synagogue est la deuxième plus ancienne du royaume de France encore en service, après celle de Lunéville consacrée en 1786 par le même architecte. Elle a été inscrite aux monuments historiques par arrêté du 11 juillet 1984.

À proximité, au 19 boulevard Joffre, se trouve un centre communautaire moderne en forme cubique qui abrite plusieurs associations juives telles que l'UEJF, les Éclaireuses et Éclaireurs Israélites de France, la Wizo et le B'nai B'rith. À l'origine, l'édifice avait été construit sur une zone marécageuse et n'était accessible que par une porte dérobée, à l'écart des lieux de passage ; l'extension urbaine l'a placé deux siècles plus tard en plein centre‑ville.

La présence juive à Nancy remonte au Moyen Âge : vers 1470 une dizaine de familles vivaient en ville avant d'être expulsées en 1477, et quelques familles réapparaissent au XVIe siècle. En 1721 une ordonnance ducale officialise la communauté en autorisant quatre familles à résider à Nancy, la présence juive étant toutefois tolérée depuis un à deux siècles. En 1832, Baruch Gouguenheim, rabbin de Phalsbourg, est appelé à la tête de la synagogue de Nancy et y exerce une direction ferme pendant onze ans ; après sa mort, Salomon Ulmann est nommé grand rabbin et exerce de 1843 à 1854. Les membres de la communauté ont contribué au développement industriel et commercial de la ville en créant filatures, tissages, manufactures de chaussures et de broderies, hauts fourneaux et en fondant des grands magasins rue Saint‑Jean. Le quartier juif se situait à proximité de la synagogue, à l'emplacement de l'actuel centre commercial Saint‑Sébastien, entre la rue du Grand‑Rabbin‑Haguenauer et la rue des Ponts, où se trouve aujourd'hui l'Association culturelle juive de Nancy.

Le 19 juillet 1942, lors d'une grande rafle organisée par les nazis à Nancy, l'intervention de sept policiers du service des étrangers du commissariat central a permis de sauver quelque trois cents Juifs. Le 6 novembre 1942, vingt enfants juifs placés en refuge furent enlevés par les occupants et déportés sans retour vers les camps ; en 1987, à l'occasion du bicentenaire de la synagogue, vingt écoliers ont planté vingt arbustes en leur mémoire, chaque arbuste étant accompagné d'une petite stèle portant le nom et l'âge de l'enfant. Après la guerre, l'orgue de la synagogue fut reconstruit par le facteur Roethinger en 1948, et la chorale synagogale a été rétablie en 2017. Vers 2007–2008, la synagogue a été entourée, pour des motifs de sécurité controversés, d'une palissade de tôles, de barreaux et de grillages d'au moins trois mètres de haut, qui la dissimule aux passants. Actuellement, la communauté juive de Nancy compte environ 450 familles.

Au 55 rue des Ponts se trouvait autrefois un oratoire juif polonais non consistorial ; le bâtiment abrite aujourd'hui l'Association culturelle juive de Nancy. La section juive du cimetière de Préville, créée en 1840 et située au 2 avenue de Boufflers, porte à son entrée le Monument du souvenir qui rappelle la disparition d'une partie de la communauté dans la Shoah, victimes que le texte indique par milliers en Lorraine et à hauteur de sept cents à Nancy. Sur le site figurent une inscription en yiddish — « N'oublie pas Auschwitz et souviens‑toi de toutes les victimes des nazis allemands » — et une plaque émaillée en hébreu reproduisant la « prière au champ du repos », qui reprend la seconde bénédiction de l'Amida mais dans laquelle un mot manque dans la première phrase. Le long du mur à gauche de l'entrée du cimetière, les stèles commémoratives des vingt enfants disparus sont alignées ; des pierres et des fleurs y ont été déposées selon les coutumes.

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