Origine et histoire de la Synagogue Nazareth
La synagogue de la rue Notre‑Dame‑de‑Nazareth, située au 15 de cette rue dans le 3e arrondissement de Paris et desservie par la station Temple, est la plus ancienne synagogue consistoriale de la capitale et dépend du Consistoire central israélite de France. Elle fut édifiée en 1822 selon les plans de l'architecte Sandrié de Jouy et servit à l'origine de siège au Consistoire de Paris. Des anomalies de construction entraînèrent sa fermeture pour raisons de sécurité en 1850 puis la démolition du bâtiment. Reconstruite d'après les plans d'Alexandre Thierry grâce aux dons du baron James de Rothschild, elle prit sa forme actuelle et fut inaugurée en 1852. De style néo‑mauresque, l'édifice conserve l'essentiel de ses dispositions architecturales et de son décor intérieur, ce qui lui confère un intérêt historique et en fait un témoignage de la liturgie juive. La synagogue a accueilli un orgue, nouveauté pour l'époque, et plusieurs personnalités y ont été liées, notamment l'actrice Rachel et le compositeur Jacques Offenbach, qui dirigea le chœur pendant six mois à partir du 1er décembre 1833. Initialement de rite alsacien, elle fut ensuite dédiée au rite séfarade en raison de l'arrivée de Juifs originaires d'Afrique du Nord dans le quartier. Elle accueillit les grands rabbins de France et les grands rabbins de Paris jusqu'à la construction de la grande synagogue de la rue de la Victoire en 1875. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la synagogue fut la cible d'un attentat dans la nuit du 2 au 3 octobre 1941 attribué au Mouvement social révolutionnaire ; l'attaque causa peu de dégâts matériels, mais le grand rabbin Joseph Saks et son épouse furent arrêtés et moururent en déportation. La façade sur rue, haute d'un étage, présente une travée centrale avec une grande porte surmontée d'un fronton plat crénelé et deux travées latérales avec des portes plus étroites; la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » est gravée autour de l'entrée. En arrière‑plan, le pignon de la salle de prière porte une horloge dont les chiffres ont été remplacés par des signes du zodiaque, et une rosace ornée d'une étoile de David se situe sous l'horloge. Des plaques commémoratives sont fixées dans le péristyle et dans la salle adjacente : l'une rappelle l'ordonnance royale et préfectorale autorisant la construction de 1822, une autre liste les membres du Consistoire de l'époque, et d'autres portent les noms des membres de la communauté victimes de la Seconde Guerre mondiale. L'édifice peut recevoir jusqu'à 1 200 fidèles ; il compte douze fenêtres symbolisant les douze tribus d'Israël et possède deux étages de galeries pour les femmes soutenues par des colonnettes en fonte, particularité qu'il partage avec la synagogue de la rue des Tournelles. Ces galeries sont utilisées lors des grandes fêtes ; en semaine, avec une fréquentation de 30 à 50 fidèles, et pendant le shabbat, où l'affluence atteint environ 150 personnes, hommes et femmes se répartissent de part et d'autre au rez‑de‑chaussée. Le mobilier liturgique, l'orgue et les lustres sont d'époque, les lampes ayant été autrefois équipées de chandelles. Les peintures intérieures et les vitraux ont été rénovés à l'identique vers l'année 2000. Le Consistoire nomme habituellement les synagogues d'après la rue où elles se situent ; en raison de la référence chrétienne du nom de la voie, celle‑ci est connue sous le nom de synagogue Nazareth. L'édifice fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis 1986, remplacée par un arrêté de classement le 29 avril 2019.