Synagogue dans le Rhône

Synagogue

  • 69002 Lyon
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Crédit photo : Alorange - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une association

Période

3e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Synagogue : inscription par arrêté du 5 décembre 1984

Origine et histoire

La grande synagogue de Lyon est un édifice cultuel juif situé au 13 quai Tilsitt, dans le 2e arrondissement de la métropole de Lyon, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle a été construite en style néo-byzantin par l'architecte Abraham Hirsch entre 1863 et 1864, sur les bords de la Saône. La synagogue est inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis le 5 décembre 1984.

Au début du XIXe siècle, la communauté juive de Lyon était rattachée au consistoire de Marseille et disposait de lieux de culte provisoires successifs : une salle rue Écorche-Bœuf (aujourd'hui rue Port-du-Temple), puis un appartement rue Bellecordière, et un temple inauguré le 25 juin 1850 rue du Peyrat (aujourd'hui rue Antoine de Saint-Exupéry. Le consistoire régional créé par décret le 23 octobre 1857 regroupait plusieurs départements ; son premier grand-rabbin régional prit ses fonctions le 4 juin 1858 et les statuts furent adoptés le 5 décembre 1858. Désireuse d'un lieu de culte plus représentatif, la communauté sollicita en 1859 un terrain à la préfecture et, après diverses propositions, la municipalité céda le 28 mars 1862 un terrain quai Tilsitt — l'ancien grenier à sel de 19 mètres de façade et 759 m2 — en échange du terrain du Jardin des Plantes, avec une soulte de 25 000 francs. Les travaux, estimés à environ 1 175 000 francs, furent confiés à Abraham Hirsch ; le consistoire émit des obligations pour réunir les fonds et posa la première pierre le 20 mai 1863, l'inauguration ayant lieu le 23 juin 1864.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la synagogue servit en 1941 de siège local à l'UGIF avant le transfert de celui-ci à la montée des Carmélites, et la ville accueillit de nombreux réfugiés juifs. Le grand-rabbin Bernard Schonberg fut arrêté le 26 mai 1943 puis déporté à Auschwitz, et la synagogue ne fut fermée que pendant deux mois à l'été 1944. Le 10 décembre 1943, deux grenades lancées pendant l'office firent huit blessés légers ; les auteurs de cet attentat ne furent jamais identifiés. Le 13 juin 1944, la milice pénétra dans la synagogue et arrêta plusieurs personnes présentes — le secrétaire du consistoire, le premier ministre officiant, le concierge, sa femme et la femme de ménage — qui furent internées à la prison Montluc, transférées au camp de Drancy le 30 juin, puis déportées vers Auschwitz le 31 juillet. À la Libération, le rabbin David Feuerwerker devint grand-rabbin de Lyon pour deux ans et supprima l'usage de l'orgue lors des offices du chabbat et des jours de fête.

L'édifice souffrit de dégradations et d'infiltrations mettant en danger ses voûtes et ses nefs latérales ; une première tranche de travaux de mise en sécurité fut estimée à 400 000 euros et le consistoire, sous la présidence de Marcel Dreyfus, fit appel aux collectivités, aux donateurs et à des ventes aux enchères pour financer les travaux. En 2008, le conseil municipal attribua une subvention de 90 197 euros, correspondant à 50 % des travaux de couverture-zinguerie et de réfection de la façade sur le quai, délibération confirmée et assortie d'une convention définissant les obligations de la ville et de l'Association cultuelle israélite.

Le consistoire lyonnais, installé dans les bâtiments annexes de la synagogue, est la plus ancienne institution juive de Lyon ; il coordonne les activités éducatives et culturelles des synagogues de la région Rhône-Alpes-Centre et mène des actions sociales. La communauté locale compterait actuellement environ 40 000 juifs et 35 synagogues ou oratoires couvrant toutes les tendances du judaïsme français. Depuis 2015, le rabbin de la grande synagogue est Nissim Malka et le hazzan est Gilles Kahn.

L'ensemble se compose de deux bâtiments : un immeuble en façade sur le quai Tilsitt de 160 m2 et un bâtiment en retrait de 550 m2, séparés par une cour de 120 m2. Le bâtiment sur rue, discret extérieurement, abrite les bureaux du consistoire, ceux du grand-rabbin et du rabbin, un petit oratoire pour les offices en semaine, une salle de conférence et des salles de cours pour le Talmud Torah ; l'accès au bâtiment principal s'effectue par un porche sous le premier bâtiment, fermé par une grille en fer forgé. Un vestibule, ouvert sur la cour par trois arcs en plein cintre, mène à la salle de prières par trois portes en bois ; la grande salle rectangulaire se divise en une nef centrale à hauteur totale et deux collatéraux plus bas, séparés par douze colonnes symbolisant les douze tribus d'Israël, chacune surmontée d'un chapiteau de style corinthien ou composite. Au-dessus des collatéraux et du vestibule se trouvent des galeries pour les femmes, protégées par des balustrades à colonnettes en pierre.

Au centre de la nef, une coupole peinte en bleu, portée par un tambour percé de seize fenêtres en arc plein cintre, éclaire naturellement la salle. À l'est, une abside semi-circulaire abrite l'Arche sainte en bois sculpté contenant les rouleaux de la Torah, masquée par un paro'het en velours vert brodé ; l'abside est coiffée d'une petite coupole peinte en bleu avec un vitrail en son centre. La bimah en bois, surmontée d'un dais en tissu porté par quatre piliers en bois, est située juste devant l'Arche. Au-dessus de la porte d'entrée, au deuxième étage, se trouve un orgue à buffet en bois, très endommagé et nécessitant une restauration ; il provient de l'ancien orgue de la basilique Saint-Martin d'Ainay et fut vendu à la synagogue en 1864. La synagogue comprend 320 stalles en bois au rez-de-chaussée réservées aux hommes et 235 places dans la galerie du premier étage pour les femmes.

Des documents et images anciennes montrent la synagogue en 1908, sa façade sur le quai Tilsitt, l'Arche sainte, le dôme, ainsi que l'entrée et l'orgue.

Liens externes