Période
3e quart XVIIIe siècle
Patrimoine classé
L'ancienne tannerie en totalité avec ses deux cours et l'allée qui y conduit, ses deux portails, son escalier avec sa rampe en fer forgé, ses murs de soutènement au sud, à l'exclusion du bâtiment moderne à l'ouest (cad. CL 1) : inscription par arrêté du 22 février 2006 ; Les parties suivantes de l’ancienne tannerie royale : les façades et toitures de l’ensemble des immeubles, le rez-de-chaussée de la partie occidentale du bâtiment de la parcelle n°6, y compris la galerie souterraine y menant, située sous les parcelles n° 6, 8 et 9, le rempart servant de limite aux parcelles n° 6 et 7, les sols et sous-sols de l’ensemble des parcelles, délimitées en rouge sur le plan annexé à l’arrêté, situées sur les parcelles n°5, 6, 7, 8 et 9 figurant au cadastre section CL : inscription par arrêté du 13 septembre 2018.
Origine et histoire de la Tannerie royale
La tannerie royale de Lectoure a été construite en 1752 par l’architecte Pierre Racine pour les frères Duclos, riches négociants toulousains. Son architecture néoclassique, soignée et organisée, la place parmi les manufactures royales exemplaires du XVIIIe siècle. Elle est située rue Claude‑Ydron, au sud‑est de la ville, dans un ancien quartier de tanneurs au pied des remparts, à proximité de la source Saint‑Clair et de la fontaine Diane. Installée sous un bastion triangulaire raccordé à une demi‑lune, la tannerie tire parti de la forte déclivité du terrain : l’accès nord se fait par un escalier à double révolution menant à une seconde cour, tandis que l’entrée principale, en bas au sud, se signale par un portail en arc de triomphe permettant l’accès des véhicules. Une longue allée traversait les bâtiments industriels, les logements ouvriers et la direction pour aboutir à la première cour et au bâtiment principal ; les magasins et les bacs de fabrication se situaient dans la partie ouest, avec des dispositifs « à la française », « à l’anglaise » et « à la jusée ». Un inventaire de 1758 dénombre 139 bacs circulaires et rectangulaires en pierre. La tannerie fut vraisemblablement mise en service en 1753 et reçut les lettres patentes faisant d’elle une manufacture royale en 1754. L’établissement fonctionna pendant près d’un siècle et l’activité de tannerie se poursuivit durant la première moitié du XIXe siècle avant de décliner face à la concurrence industrielle. Les plans de Pierre Racine témoignent d’un souci d’organisation rationnelle : le bâtiment principal, un long rectangle à un étage, est traversé par un passage central voûté surmonté d’un fronton circulaire qui portait autrefois une horloge aujourd’hui disparue. L’horloge était surmontée de trois petites cloches et d’ornements métalliques ; le bâtiment comporte un retour est et sud abritant les logements, ainsi que deux petits pavillons à façades convexes ouvrant sur la petite cour. La porte d’entrée présentait un fronton triangulaire avec un écusson aux armes royales et la date 1754, martelés à la Révolution, et un cartouche indiquant « MANUFACTURE ROYALE ». Au revers de la porte et au guichet de la loge figure la date 1754 et l’inscription « PARLE AV SVISE », enjoignant le visiteur à s’adresser au gardien. Le site bénéficiait d’avantages locaux : élevage pour les peaux, forêts pour l’écorce tannante, sources abondantes et un moulin sur le Gers pour broyer le tan, ce qui favorisait son approvisionnement et ses débouchés, notamment militaires lors des guerres en cours. Plusieurs bâtiments industriels ont aujourd’hui disparu ; le cadastre de 1824 signale déjà la perte de quatre constructions. Après l’activité tannière, le site a accueilli successivement une distillerie, une salle de cinéma entre les deux guerres puis une maison de retraite après la Seconde Guerre mondiale. Propriété privée aujourd’hui, l’ensemble conserve l’essentiel de sa composition, en particulier le portail en arc de triomphe, et demeure un témoin notable de l’architecture industrielle du XVIIIe siècle. La tannerie royale a été protégée au titre des monuments historiques en 2006, complétée par une inscription en 2018.