Origine et histoire
Le temple de Trégouzel, dit aussi Trogouzel, est un fanum romano-celtique dont les ruines ont été mises au jour au XIXe siècle sur le site archéologique de Trégouzel, près de Ploaré à Douarnenez (Finistère, Bretagne). Trois, voire quatre, bâtiments se succèdent au même emplacement entre l'époque de La Tène et la fin du IVe siècle apr. J.-C., le dernier étant abandonné comme édifice cultuel. Les vestiges ont été classés au titre des monuments historiques en 1980.
Dans l'Antiquité, la baie et la ville de Douarnenez formaient un pôle important de production de sel, de salaisons et de garum, et le site se situe au centre d'un réseau de voies dont l'une, orientée est-ouest au sud de la ville moderne, reliait Quimper au cap Sizun. Au XIXe siècle on identifie trois temples autour de la baie, mais celui de Trégouzel est le seul conservé ; il s'implante au nord de la voie et s'inscrit dans un ensemble archéologique plus vaste, révélé par un abondant mobilier.
Les premières fouilles sont menées en 1894 par Maurice Halna du Fretay, qui propose une restitution comprenant une cella rectangulaire de 18,75 m de largeur entourée d'une galerie circulaire de 38 m de diamètre, partiellement voûtée. Des campagnes conduites entre 1978 et 1984 par Michel Clément, d'abord en urgence puis dans le cadre d'un programme, montrent que le plan de Halna du Fretay est inexact. Clément restitue un fanum de très grande dimension avec une cella probablement octogonale entourée d'une galerie de même forme, l'ensemble pouvant mesurer de 40 à 45 m. Des fouilles préventives liées à un projet routier en 1999 dégagent un mobilier important à une centaine de mètres à l'est, attestant l'étendue du site. Des prospections géophysiques réalisées en 2018 confirment le plan proposé par Clément et mettent en évidence une voie antique longeant le temple, sans doute celle allant de Quimper au cap Sizun, ainsi que des structures montrant une fréquentation du site du IIe siècle av. J.-C. à la fin du IVe siècle apr. J.-C.
Le site connaît une occupation dès l'âge du Fer, comme l'attestent stèles, deux nécropoles et un trésor de monnaies gauloises, et l'environnement du sanctuaire est fréquenté le long de la voie romaine pendant l'Antiquité. Le temple lui-même présente quatre états successifs, dont la fonction cultuelle est probable mais ne peut être affirmée sans réserve. Les indices les plus anciens sont des fragments de céramique de La Tène moyenne et un vaste édifice en bois, repérable par des trous de poteaux de fort diamètre, construit au plus tard au IIe siècle av. J.-C. et incendié à la fin du IIe siècle av. J.-C. ou au début du siècle suivant.
Les vestiges montrent ensuite deux phases maçonnées d'époque julio-claudienne : une construction augustéenne faite d'un mur en pierres sèches et d'un sol en mortier, puis, vers les années 40–90, un édifice rectangulaire apparemment ouvert à l'est, tous deux établis sur la structure laténienne. Au cours du dernier état, entrepris vers la fin du Ier siècle après le début du règne de Domitien, le temple est entièrement reconstruit sous la forme d'une cella octogonale entourée d'une galerie concentrique ; le monument s'ouvre au nord tandis que la galerie au sud est interrompue par une salle rectangulaire que Halna avait prise pour la cella. L'épaisseur importante des murs de la cella, près de 2 m, laisse penser à une élévation importante, peut‑être de l'ordre de vingt mètres, mais aucune trace matérielle de fréquentation au IIe et IIIe siècle n'a été mise en évidence, si bien que l'hypothèse d'un effondrement proche de la construction ou survenu ultérieurement demeure ouverte.
Des pièces de monnaie de Constance II indiquent une réoccupation du site vers le milieu du IVe siècle, puis, après son abandon définitif, les pierres du monument semblent avoir été récupérées systématiquement jusqu'à la base des murs.