Origine et histoire du Temple d'Auguste et de Livie
Le temple d'Auguste et de Livie est un temple romain corinthien édifié au début du Ier siècle à Vienne (Isère), au cœur de la cité antique. Il présente un plan pseudo‑périptère sine postico, hexastyle en façade, érigé sur un podium élevé. Sa longueur totale est de 27 mètres, sa largeur de 14,25 mètres et sa hauteur de 17,36 mètres, dont 9,70 m pour la colonnade ; le podium mesure 2,75 m. L'édifice comporte six colonnes en façade et six sur les côtés (en comptant les colonnes d'angle), un mur postérieur bordé de pilastres engagés, une cella précédée d'un vestibule et un large escalier d'accès ; l'ordre est corinthien et l'entablement relativement sobre. Implanté à l'ouest de la place du forum tripartite viennois, il dominait l'aire sacrée et faisait face à la basilique, au milieu de portiques, monuments commémoratifs et inscriptions honorifiques. Le temple était dédié au culte impérial en l'honneur d'Auguste et de Livie, marque de l'affirmation du pouvoir impérial en Narbonnaise. La visite de Julien en 355, au cours de laquelle une guirlande tomba sur le cortège, fut interprétée comme un présage favorable. L'étude architecturale montre deux états de construction : des éléments de l'édifice primitif subsistent à l'arrière en grand appareil, tandis que la plus grande partie fut rebâtie ultérieurement avec d'autres pierres, ce qui explique les différences de chapiteaux et d'ornementation. Les traces d'inscriptions et les nombreux trous de scellement pour des lettres de bronze sur la frise et l'architrave témoignent de dédicaces successives dont la restitution reste discutée par les épigraphistes. Avec la christianisation, le temple fut converti en église paroissiale (Sainte‑Marie‑la‑Vieille puis Notre‑Dame‑de‑la‑Vie), transformation ancienne probablement dès le VIe siècle qui entraîna la suppression de la cella et le murage des entrecolonnements. Au Moyen Âge et à l'époque moderne, l'édifice reçut diverses adaptations — portes, fenêtres, clocher et autres aménagements — intégrées à la structure antique. Fermé au culte en 1792, il devint sous la Révolution Temple de la Raison, puis accueillit le tribunal de commerce et les justices de paix avant de servir de musée et de bibliothèque municipales. Classé au titre des monuments historiques dans la liste de 1840, il fit l'objet d'un important mouvement de dégagement et de restauration au XIXe siècle, relancé notamment par l'intervention de Prosper Mérimée. Les travaux menés entre 1852 et 1880 permirent de dégager le monument, de reprendre le mur postérieur et de reconstruire la cella, en mobilisant différents matériaux selon les parties restaurées. Des campagnes de consolidation et de nettoyage furent conduites dans les années 1974‑1977, puis des travaux récents inscrits au Plan Patrimoine ont vérifié les restaurations antérieures, repris une partie de la toiture, posé un filet anti‑oiseaux et protégé les sommets des chapiteaux par des feuilles de plomb. Aujourd'hui le temple, restauré et ouvert au public, illustre la longévité d'un monument romain réemployé au fil des siècles et figure parmi les mieux conservés de l'ancienne Gaule, aux côtés de la Maison carrée de Nîmes.
