Origine et histoire du Temple de la Gloire
Le Temple de la Gloire est une folie située à l'est de la commune d'Orsay, dans l'ancien Hurepoix, aujourd'hui département de l'Essonne en Île-de-France. Il se trouve sur la rive droite de l'Yvette, implanté à l'extrémité orientale de l'ancien canal du château d'Orsay, long d'environ 1 200 mètres et en partie comblé, qui aurait été creusé en 1764 d'après les plans de l'architecte Chevotet. Le bâtiment occupe un terrain mêlant argile et sable au cœur de la vallée de Chevreuse, légèrement surélevé par rapport aux berges de la rivière.
La folie fut construite en 1801 d'après des plans attribués sans certitude à Pierre-Alexandre Vignon pour Jeanne Perrin, veuve de Gury Hulot, qui la nomma Temple de la Gloire en l'honneur de la victoire de son gendre, le général Jean Victor Marie Moreau, à Hohenlinden. Le 23 mai 1801, Moreau y fit des retrouvailles publiques, débarquant sur le canal dans une gondole décorée pour parvenir au théâtre de verdure et au péristyle du Temple, en compagnie de son épouse Eugénie Hulot et de sa belle-mère. Par la suite, Moreau fut accusé de conspiration, condamné, emprisonné puis exilé, passa ensuite au service du tsar de Russie et mourut des suites d'un boulet reçu à la bataille de Dresde. Le sculpteur Antoine Etex y a résidé et Corot a réalisé une vue de l'édifice. En décembre 1950, Sir Oswald Mosley et sa seconde épouse Diana Mitford achetèrent la propriété après l'avoir découverte lors d'un séjour à Paris ; ils avaient été détenus en Grande-Bretagne pendant la guerre et n'avaient récupéré leurs passeports qu'en 1947. À leur arrivée, seul le salon d'apparat conservait son décor de boiseries et de stucs ; l'étage noble, de type « fabrique de parc » plutôt qu'habitation ordinaire, comprenait quelques pièces petites et peu confortables. Lady Mosley transforma le lieu en country house, y installa divers meubles — notamment un lit d'apparat attribué au comédien Talma et du mobilier Louis XVI et Directoire sur un grand tapis à damiers noirs et blancs — et sut imposer un style de vie mondain. La propriété fut classée aux monuments historiques le 27 septembre 1979. Après le décès de Lord Mosley en décembre 1980, dont les cendres furent dispersées dans un étang du domaine, sa veuve continua d'y vivre jusqu'en 1999 ; elle mourut pendant la canicule de 2003 dans un appartement parisien donnant sur l'ancien parc de Laetitia Bonaparte.
Le Temple de la Gloire est construit en grès et présente la forme d'un temple antique. L'édifice comprend un rez-de-chaussée et un étage noble surélevé ; la façade orientale est surmontée d'un fronton triangulaire et le balcon de l'étage est protégé par une grille en fer forgé. Deux courtes ailes symétriques à deux travées dessinent un plan en U. La façade occidentale, placée dans l'axe du canal à une trentaine de mètres de son extrémité, s'ouvre sur un théâtre de verdure ; elle comporte un péristyle en avant-corps formé de quatre colonnes à chapiteaux ioniques et deux escaliers latéraux à double volée sans balustrade. Trois hautes baies vitrées percent cette façade, tandis que certaines fenêtres latérales et celles encadrant la porte d'entrée ne sont pas d'origine, comme l'attestent d'anciennes photographies. À l'intérieur, le premier étage comprend un salon carré d'apparat ouvrant sur les deux façades selon une disposition « en lanterne », flanqué d'un boudoir et d'un fumoir avec salle de bains aménagée en chambre ; le rez-de-chaussée côté parc abrite une salle à manger, une cuisine et un office probablement créés par les Mosley.
Le parc, aujourd'hui réduit à 1,5 hectare, comprend une partie boisée formant un théâtre de verdure et un vaste lac, l'ensemble étant clos de grilles en fer forgé.
