Origine et histoire du Temple
Le Temple des Billettes, ancien couvent des Carmes-Billettes, est situé 24, rue des Archives dans le 4e arrondissement de Paris et abrite aujourd'hui une paroisse protestante luthérienne rattachée à l'Église protestante unie de France. L'origine du lieu remonte à la chapelle fondée en 1294 pour commémorer la légende du miracle de la Sainte Hostie, selon laquelle une hostie profanée par un juif nommé Jonathas aurait saigné puis, jetée dans de l'eau bouillante, se serait mise à voler. La propriété issue du procès de Jonathas fut donnée à Reinier Flaming, qui fit bâtir en 1294 la « maison des Miracles », fondation confirmée par une bulle en 1295. En 1299, les frères hospitaliers de la Charité-Notre-Dame, appelés aussi religieux des Billettes, assurèrent le service religieux et le site devint un important lieu de pèlerinage. L'église fut reconstruite en 1405, et un cimetière et un cloître furent ajoutés en 1427 ; ce dernier est le seul cloître médiéval subsistant à Paris. Les bâtiments au‑dessus des galeries datent des XVIIe et XIXe siècles. En 1633, les Carmes de l'Observance prirent en charge l'église, d'où le nom Carmes‑Billettes. Différents projets de reconstruction furent envisagés aux XVIIe et XVIIIe siècles mais se heurtèrent à l'opposition des marguilliers de la paroisse voisine de Saint‑Jean‑en‑Grève, entraînant plusieurs transactions et contestations. À partir de 1742 les Carmes relancèrent le projet et firent appel à Jacques Hardouin‑Mansart de Sagonne, qui dressa des plans et procéda à des expertises entre 1744 et 1748. Les discussions sur l'ampleur de la nef et les négociations juridiques se poursuivirent jusqu'à la reprise du projet en 1752 et à son approbation en janvier 1753. La reconstruction, réalisée de 1754 à 1758, reprend manifestement des solutions proposées par Mansart de Sagonne, notamment le plan rectangulaire prolongé d'une rotonde, l'emploi de pots‑à‑feu et l'ornement de palmes sur la façade. L'attribution de l'église au frère Claude, avancée pour la première fois en 1787, n'est étayée par aucun document antérieur, tandis que l'influence de Mansart de Sagonne s'impose par les éléments architecturaux. L'ensemble paroissial possédait également des terrains et des vignes à Bagneux. À la Révolution, l'église et le couvent furent désaffectés puis partiellement vendus les 17 avril 1793 et 19 mars 1795. La Déclaration des droits de 1789 et les évolutions juridiques du début du XIXe siècle permirent aux protestants de s'organiser ; en 1802 les articles organiques encadrèrent les cultes et en 1808 un Consistoire luthérien de la Seine fut institué avec deux pasteurs, Georges Boissard et Jean‑Jacques Goepp. Par décret impérial du 28 juillet 1808 la Ville de Paris fut autorisée à acquérir les bâtiments pour le Consistoire ; elle les acheta le 26 novembre 1808 pour 73 000 francs. Tout au long du XIXe siècle, le culte y fut célébré alternativement en français et en allemand ; l'aménagement intérieur date pour l'essentiel de l'Empire et du règne de Louis‑Philippe. Le premier orgue provenait de la chapelle de l'ambassade de Suède, une seconde galerie fut ajoutée et, en 1820, la duchesse Dorothée von Medem finança la cloche de l'église. L'église fut fréquentée par des personnalités comme la princesse Hélène de Mecklembourg‑Schwerin et la communauté luthérienne de Paris y tint une place importante au XIXe siècle. Dans les années 1980, le sculpteur Philippe Kaeppelin réalisa l'autel et le lutrin, et un nouvel orgue construit par le facteur alsacien Mühleisen fut inauguré le 2 octobre 1983. En 2008 furent installées les stèles de Jean Rodolphe Loth sur le thème des Sept paroles du Christ en croix. L'église accueille régulièrement des concerts et le cloître sert de lieu d'exposition pour de jeunes artistes ; le site reçoit également des manifestations comme le Festival du Marais.
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