Origine et histoire du Temple des Chartrons
Le temple des Chartrons, situé dans le quartier des Chartrons à Bordeaux (Gironde), est un ancien temple protestant construit à partir de 1832 et consacré en 1835. Un lieu de prière y avait été établi dès 1776 dans un ancien chai ; après l'édit de 1787, un projet de temple de Louis Combes en 1788 fut abandonné lors de la Révolution, période pendant laquelle l'église réformée fut dispersée entre 1793 et 1794. En 1795 l'assemblée se maintenait toujours dans le chai qui se dégradait, et un projet palladien d'Eugène Cabillet proposé en 1817 ne fut pas réalisé pour des raisons de coût. L'agrandissement du terrain en 1828 puis la mobilisation des fonds en 1832 — un tiers apporté par la communauté protestante, le reste financé par la ville et l'État — permirent d'engager la construction selon un plan d'Armand Corcelles établi en 1831 ; Corcelles conçut aussi les plans de la première synagogue de Bordeaux. Le pasteur Antoine Vermeil, en poste à Bordeaux de 1824 à 1840 et marqué par l'esprit du Réveil, fut à l'origine de l'édification du temple. L'édifice adopte un style néo-classique sobre : un parvis clos par une grille en fer forgé précède un portique central composé de quatre colonnes ioniques surmontées d'un fronton, et un bas-relief représentant une Bible portée par des nuées constitue l'unique ornement extérieur. Édifié sur une parcelle étroite liée au parcellaire en lanières des anciens chais, le temple présente une nef unique d'environ 35 mètres couverte d'une voûte lambrissée en plein cintre et terminée à l'est par une abside en cul-de-four. Au revers de la façade occidentale, une tribune soutenue par une file de quatre colonnes corinthiennes court sur toute la largeur de la nef, et la chaire a été sculptée par Lamarque aîné. L'orgue, construit vers 1886 par Gaston Maille, a été restauré dans les années 1960 par le facteur d'orgues Beuchet-Debierre. Comme d'autres monuments bordelais, le temple est principalement bâti en pierre de Bourg ; les assises supérieures sont en pierre de Langoiran, plus poreuse. Désaffecté au culte dans les années 1970, il fut vendu au consistoire à la Ville de Bordeaux, inscrit au titre des monuments historiques le 29 octobre 1975 et privé de ses annexes détruites en 1984. Après avoir servi principalement d'entrepôt pour du matériel scénographique du CAPC et du musée des Beaux-Arts, une étude lancée en 2015 a visé à lui donner un usage culturel et il a rouvert au public le 19 juin 2019 pour l'exposition "M E R C I" de l'artiste Gonzalo Borondo.
