Origine et histoire du Temple maçonnique
L'ancienne loge maçonnique, issue de la fusion de deux loges de Périgueux et prenant pour titre « les Amis persévérants et l'Étoile de Vésone réunis », s'installe le 1er mars 1857 dans la préfecture de la Dordogne, à Périgueux. L'immeuble, situé 10 rue Saint-Front à l'angle de la rue Notre-Dame, se trouve dans le secteur sauvegardé du centre-ville, à moins de cent mètres au nord de la cathédrale Saint-Front. À la fin du XVIIIe siècle, les lieux abritaient une salle de comédie aménagée dans une ancienne auberge ; après la construction d'un nouveau théâtre sur les boulevards (1836-1838), les locaux furent libérés et loués à une loge en 1841, puis aménagés dès 1842. Cinq francs-maçons — François Bellé, Alexis Clerveaux, Ferdinand Millet-Lacombe, Émile Picot et Jean Régnier — achetèrent le bâtiment à la veuve du docteur Renaud après 1858. En 1858 la ville décida de créer la rue Saint-Front et, lors du percement de 1861, concéda à la loge la parcelle sur laquelle devait s'avancer la nouvelle façade. Les plans de la façade, les sculptures et les travaux furent réalisés par l'architecte Lambert, l'artiste Grasset et l'entrepreneur Eyssalet ; les travaux eurent lieu en 1868-1869 et le temple fut inauguré le 4 juillet 1869. En 1876 une scission entraîna la création d'une nouvelle loge dite « la Tolérance ». Les parties latérales du bâtiment furent acquises en 1885 et 1887 par plusieurs francs-maçons, puis, en 1891, la société anonyme immobilière « L'Orient de Périgueux » reçut le temple et ces deux immeubles. L'extrémité du côté de la rue Notre-Dame fut élevée entre 1885 et 1901 ; le projet symétrique rue de la Constitution n'a pas pu être réalisé faute d'acquisition du bail de la boulangerie. La loi du 14 août 1940 supprima la franc-maçonnerie et, sur ordre du régime de Vichy, les sculptures aux emblèmes maçonniques furent détruites au début de 1941 ; elles ne furent reconstituées qu'en 1987. Les façades nord et ouest, édifiées au XIXe siècle, ont été inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 29 octobre 1975 pour leurs façades et leurs toitures.
Seules les façades nord et ouest reçurent un décor inspiré d'une architecture mauresque balkanique : les ouvertures de l'étage sont géminées et ornées de colonnettes supportant un arc mitré, et deux types de petits clochetons encadrent le pignon. La décoration privilégie les lignes brisées, ponctuées d'éléments circulaires, de rinceaux et de motifs végétaux. Sur la façade principale, les fenêtres du rez-de-chaussée sont surmontées de sculptures représentant des outils du compagnonnage et de la franc-maçonnerie — équerre, compas, fil à plomb, truelle, maillet — et le portail est surmonté d'un tympan richement décoré de feuillages, au centre duquel figure une étoile à cinq branches. Au-dessus du portail, une fenêtre encadrée de pilastres est coiffée d'un fronton triangulaire, et des frises géométriques soulignent le bord inférieur des toits.