Origine et histoire
Le temple protestant de Gabre, situé 7 place de la Mairie dans l'Ariège, est un édifice modeste et simple, qualifié de « temple au Désert ». Gabre fut le siège d'une commanderie d'Hospitaliers dès le XIIe siècle et, au début du XVIe siècle, des verriers s'installèrent dans la région du Mas-d'Azil, attirés par l'abondance de bois et de sable. Au milieu du XVIe siècle, les idées de la Réforme se répandirent dans la région et la population de Gabre y adhéra massivement, les verriers en tête. En 1568, les commandeurs furent dépossédés de la tour et l'église partiellement détruite fut affectée au nouveau culte. La révocation de l'édit de Nantes entraîna la disparition de ce lieu de culte et contraignit les fidèles à des pratiques clandestines ; les gentilshommes-verriers organisèrent alors des assemblées illicites en plein air. Parmi ces assemblées, celle de 1697 dans le bois de la Bade, où prêchait le menuisier Gardel, fut réprimée et donna lieu à des condamnations aux galères et à la prison. L'église Saint-Laurent, ayant été endommagée puis restaurée, avait été utilisée comme temple protestant ; l'édifice fut rendu aux catholiques après l'édit de Nantes en 1598. Un temple fut reconstruit sur les hauteurs de Las Termes au début du XVIIe siècle, desservi par les pasteurs du Mas-d'Azil et du Carla. En 1625, le maréchal de Thémines assiégea le Mas-d'Azil sans parvenir à prendre la cité, tenue par Jacques de Saint-Blancard et soutenue par les protestants des environs. En 1668, Louis XIV ordonna que les protestants démolissent eux-mêmes leur temple ou en paient les frais ; après la révocation, les habitants durent soit abjurer, soit cacher leur foi. Deux familles de gentilshommes-verriers sont particulièrement citées : les de Robert, à la verrerie des Garils, et les de Grenier, à Gabre et Fabas. En 1762, l'affaire du pasteur François Rochette et l'arrestation des frères de Grenier aboutirent à des poursuites et à des condamnations capitales, dont l'exécution figure dans les documents d'époque. Après la Révolution, la liberté de culte fut rétablie et environ 7 000 protestants subsistaient alors en Ariège, principalement autour du Mas-d'Azil, de Saverdun et de Mazères. En 1802, les articles organiques instituèrent des consistoires pour les Églises réformées et, au début du XIXe siècle, la population protestante de Gabre était évaluée à 267 habitants sur 520. La topographie de la commune conduisit à la construction de deux temples : l'un en 1803 au cœur du village, près de l'église catholique Saint-Laurent, financé par l'État au titre de l'Église réformée consistoriale ; l'autre, en 1804, sur les hauteurs à Las Termes, édifié par l'Église libre au site de l'ancien temple, geste qui traduisit aussi un différend théologique. Les deux constructions furent prises en charge par la communauté protestante, la commune ne pouvant assumer les dépenses. Très tôt, le temple du village nécessita des réparations : un devis de 1834 prévoyait la reprise d'un mur du couchant et le replâtrage des maçonneries, d'autres travaux urgents furent signalés en 1856 et, en 1889, le conseil presbytéral dénonça le défaut de solidité de l'édifice. Devenu propriété de la commune en 1905, le temple resta le seul lieu de culte protestant de Gabre après la transformation du temple de Lasternes en école. La communauté fit appel à l'aide des autorités tout au long du XIXe siècle, et plusieurs habitants de Gabre furent reconnus comme Justes pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1938, Gabre est rattaché aux Églises évangéliques libres et le temple a fait l'objet d'entretiens constants, avec d'importants travaux menés entre 1993 et 1998 financés par la commune et par des dons privés, puis des interventions plus récentes en 2012-2013. Le temple a été restauré à plusieurs reprises au XXe siècle, notamment en 1927 et en 1997, et il a été inscrit au titre des monuments historiques le 7 avril 2015. La paroisse est membre de l'Union nationale des Églises protestantes réformées évangéliques de France.