Origine et histoire
Le temple protestant de Dijon se situe à l'angle du boulevard de Brosses et de la rue du Temple ; la paroisse est membre de l'Église protestante unie de France. Dès 1562, un premier synode régional des Églises réformées de Bourgogne se tient à Chalon-sur-Saône et une Église existe alors à Dijon, où le pasteur Pierre Le Roy, envoyé de Genève, tient des conventicules rue des Forges dans la maison de Jean Soillot. La communauté disparaît après la révocation de l'édit de Nantes en 1685. En 1828, de retour de Genève pour des funérailles, la duchesse Albertine de Broglie rencontre des familles protestantes dijonnaises, dont les Lanson, et les encourage à se constituer en communauté ; accompagnés du pasteur Miroglio de Besançon, ils rédigent le 10 février 1828 l'acte d'association intitulé « Association biblique et de bienfaisance des familles protestantes résidantes de Dijon ». Le culte est autorisé à Dijon par ordonnance royale le 2 septembre 1829 et, au début du XIXe siècle, les célébrations ont lieu dans divers locaux dijonnais, notamment la chapelle des Élus du palais des ducs de Bourgogne. Le jeune Jean-Alphonse de Frontin est nommé pasteur par ordonnance royale le 24 janvier 1830 et rémunéré par l'État dans le cadre du régime concordataire. Après plusieurs décennies de pourparlers avec la municipalité, un terrain est cédé en 1894 dans le faubourg Saint-Bernard, le long du boulevard de Brosses, sur l'emplacement des anciens remparts et d'une tour d'angle du château de Dijon ; la construction est financée par des dons, notamment le legs de Mme Henriette Meininger. Le temple, œuvre de l'architecte Félix Paumier, est inauguré le 1er novembre 1898, jour de la fête de la Réformation. En 1904, la municipalité dirigée par Henri Barabant opère une « laïcisation des rues » et la rue bordant le temple est renommée Michel Servet. Le bâtiment est inscrit au titre des monuments historiques le 5 août 2020.
L'orgue initial, reçu en 1897, a été construit par le facteur belge Jean-Baptiste Ghys ; fragilisé au niveau de la mécanique dès les années 1960 malgré des réparations, il a été remplacé en 1993 par un instrument de la manufacture Muhleisen de Strasbourg. Les pasteurs qui se sont succédé depuis le début du XIXe siècle incluent notamment Jean-Alphonse de Frontin, Auguste Timothée Pertuzon, Polydore Edmond Vesson, Germain Zacharie Arnal, Henri Gambier, ainsi que de nombreux autres ministres jusqu'aux plus récents Marcel Mbenga et Hugues Girardey. Parmi les suffragants figurent M. Crost (1889), M. Roustain (1890), M. Pyt (1891), M. Bosshard (1960), M. Barjon (1962) et André Gounelle (1963).
Architecturalement, Félix Paumier a élevé le temple entre août 1896 et décembre 1898 dans un style néoroman rhénan ; l'édifice est identique au temple protestant des Batignolles à Paris, à la différence près que le clocher se trouve à gauche de l'entrée. Le clocher abrite une cloche de 620 kg nommée Sophia, fondue à Dijon par M. A. Farnier, dont le flanc porte l'inscription tirée de l'Évangile selon Luc 2,14 : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! Paix sur la terre et bienveillance envers les hommes. » Le porche porte en lettres capitales « Église réformée de France » et, au-dessus, une Bible en bas-relief installée en 1910 ; sur ses pages sont gravés « La sainte Bible » à gauche et « La parole est vérité », citation de Jean 17,17, à droite. À l'intérieur, la chaire et la table de communion ont été conçues par l'architecte Félix Paumier.