Origine et histoire du Temple protestant
Le temple protestant de La Rochelle, situé rue Saint-Michel, appartient à la paroisse membre de l'Église protestante unie de France. Il occupe le bâtiment d'une église du XVIIe siècle dont la façade, conservée, est un exemple assez rare de l'architecture jésuite dans la région ; son caractère quelque peu austère est adouci par des entrées latérales qui, autrefois, desservaient le couvent et servaient d’accès secondaire à l'église. Les récollets s'installèrent à La Rochelle en 1629 dans la maison Saint-Michel ; ils reçurent la tour de Moureilles pour y aménager une bibliothèque et une infirmerie, et une église et un cloître furent élevés en 1691. L'édifice subit plusieurs incendies : il fut brûlé en 1705 puis reconstruit, et par la suite cuisines, réfectoire et clocher furent également incendiés ; le cloître porte la date de 1748. En 1785 une partie du jardin fut vendue pour l'arsenal, le couvent fut fermé en 1791 et, à la faveur des bouleversements révolutionnaires, l'église fut vendue et passa aux mains des protestants à la fin du XVIIIe siècle, le culte réformé y étant définitivement rétabli à la fin des années 1790. Les protestants transformèrent l'intérieur, y installèrent un orgue en 1809 et des boiseries ; en 1810 le reste du couvent fut cédé aux religieuses de Notre-Dame-de-Charité, dites Dames Blanches. L'architecte Antoine Brossard réaménagea le temple en 1862, opération au cours de laquelle furent détruites cinq chapelles latérales ; il ne subsiste aujourd'hui que trois arcatures visibles sur la cour, dans l'une desquelles a été remontée une porte provenant de Marsilly et datée de 1566. Pour remplacer leur chapelle provisoire, les Dames Blanches firent édifier en 1878 une nouvelle chapelle par l'entrepreneur Jolly, d'après les plans de l'architecte Gustave Alaux ; le clocher de la chapelle des récollets fut détruit en 1880 et, en 1896, les religieuses construisirent deux grands bâtiments en L sur la place de l'Arsenal, détruits dans les années 1980. La façade et le cloître furent classés au titre des monuments historiques le 11 octobre 1924. En 1931 fut ouvert le Musée rochelais d'histoire protestante à partir des collections du pasteur Samuel Eynard. L'édifice a été vendu à la ville en 1988, à l'exception de la chapelle des récollets qui reste lieu de culte et d'un oratoire abritant le musée ; en 1995 une donation a transféré la propriété à la Ville de La Rochelle en prévoyant que l'édifice demeure affecté au culte protestant. L'orgue actuel, commandé en 1897 à Joseph Merklin par la communauté protestante de La Rochelle, remplaça un petit orgue de chœur Cavaillé-Coll acquis en 1841, que Merklin a repris lors de l'installation du nouvel instrument ; cet orgue a fait l'objet d'une restauration complète en 2015-2016 par la manufacture Yves Fossaert. Le grand orgue, de 56 notes, comporte notamment des jeux de Bourdon 16', Montre 8', Bourdon 8', Flûte harmonique 8' et Prestant 4'; le pédalier de 30 notes comprend une Soubasse 16' et une Flûte 8' rattachées au grand orgue; le récit expressif, également de 56 notes, réunit des jeux tels que Cor de Nuit 8', Salicional 8', Voix céleste 8', Flûte octaviante 4', Octavin 2', un Plein jeu en II/IV rangs et des jeux de Trompette 8' et Basson/Hautbois 8'. Le temple, sa façade, son cloître, son intérieur et son orgue témoignent de l'histoire complexe des lieux entre communautés religieuses, transformations architecturales et usages civiques.