Temple protestant de Nègrepelisse dans le Tarn-et-Garonne

Patrimoine classé Patrimoine protestant Temple protestant

Temple protestant de Nègrepelisse

  • Le Bourg 
  • 82800 Nègrepelisse
Temple protestant de Nègrepelisse
Temple protestant de Nègrepelisse
Crédit photo : MOSSOT - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

3e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Temple, y compris la sacristie (cad. G 541) : classement par arrêté du 19 mai 1994

Origine et histoire du Temple protestant

Le temple protestant de Nègrepelisse, situé 1 rue du Temple dans le Tarn-et-Garonne, dépend de l'Église protestante unie de France. Construit par Jules Bourdais vers 1868, l'édifice s'inspire des théories d'Eugène Viollet-le-Duc et illustre des solutions techniques avant-gardistes du XIXe siècle. Le plan est un carré à angles rentrants ; la salle principale, dépourvue de piliers et de divisions, est couverte par une charpente qui repose sur quatre points d'appui intermédiaires et deux fermes diagonales inclinées, appuyées sur des consoles en pierre aux angles rentrants. Le plafond en lambris forme de fausses voûtes d'arêtes en bois, résultant de la rencontre de deux fausses voûtes en berceau. L'intérieur offre un grand volume ouvert bordé sur trois côtés par des tribunes posées sur des supports en fonte ; la polychromie, le mobilier et les vitraux d'origine renforcent le caractère témoignage de l'architecture d'avant-garde de la seconde moitié du siècle. L'emploi de la fonte, d'une poutrelle métallique et du béton armé réalise la solution technique préconisée par Viollet-le-Duc, faisant de l'édifice un unicum dans la France rurale et méridionale.

La présence protestante à Nègrepelisse remonte à 1560 ; les fidèles transformèrent alors l'ancienne église Saint-Pierre-ès-Liens en temple. L'armée royale prit la ville en 1622, entraînant massacre, pillage et destruction du temple. En 1646 Henri de Turenne obtint l'autorisation de reconstruire la ville et un temple fut rebâti à la lisière de la ville, à l'emplacement actuel. Un arrêt du Conseil en 1669 contraignit la communauté à démolir ce temple en 1670. La révocation de l'édit de Nantes en 1685 provoqua de nouvelles persécutions et départs forcés ; l'édit de tolérance de 1787 mit fin aux poursuites, et la liberté de culte fut ensuite consacrée par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

Un décret de 1806 autorisa la reconstruction d'un nouveau temple dont les plans furent dressés par Pernelet et l'ouvrage exécuté par les maçons Jean-Pierre et Jean Fuziès ; ce troisième temple, achevé et dédicacé en 1820, se dégrada rapidement et la décision de le reconstruire fut prise en 1868. Pour le quatrième temple, un concours opposa Jules Bourdais à Théodore Olivier ; Bourdais fut choisi et confia les travaux à l'entrepreneur Jean Coulonjou. Le bâtiment fut hors d'eau le 1er mai 1869 et dédicacé le 23 juin 1870 par le pasteur Fournier ; il a été classé au titre des monuments historiques le 19 mai 1994.

Jules Bourdais a précisé son programme : le temple devait offrir 800 places en temps ordinaire et, au besoin, 1 000 places, réparties en un tiers de tribunes et deux tiers au rez-de-chaussée, avec un parquet surélevé pour la chaire, la table de communion et vingt-quatre places pour les anciens, et sans colonne ni appui gênant la vue, pour un coût maximal de 50 000 francs. Pour répondre à ces contraintes, il écarte la solution circulaire et choisit de couvrir un carré de 16,50 m de côté par une seule portée en adoptant des angles rentrants qui forment une croix ; ces branches fournissent quatre appuis rigides pour les fermes diagonales et permettent de limiter la hauteur des murs tout en obtenant une voûte culminant à 11 m au centre. Bourdais reprend l'idée de colonnes inclinées présente chez Viollet-le-Duc, remplace l'abat-voix par un réflecteur parabolique ménagé dans le mur pignon dont le foyer correspond au niveau de la tête du pasteur, et prévoit une bichromie des façades en deux teintes de brique ; faute de fourniture, les murs furent finalement badigeonnés puis peints, procédé qui s'est effacé avec le temps. Le décompte final des travaux s'élève à 41 888,54 francs, auquel s'ajoute une réclamation de l'entrepreneur de 6 080,80 francs pour travaux supplémentaires, somme restant inférieure à l'estimation initiale. Les choix du temple ont peut-être influencé la réalisation de la synagogue de Sélestat.

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