Temple protestant à Saint-Jean-du-Gard dans le Gard

Temple protestant

  • 30270 Saint-Jean-du-Gard
Temple protestant
Temple protestant
Propriété de la commune

Période

XIXe siècle

Patrimoine classé

Le temple protestant, en totalité, situé place Carnot (cad. AB 489) : inscription par arrêté du 8 août 2019

Origine et histoire

Saint-Jean-du-Gard, situé au pied de la corniche des Cévennes à la confluence de la Vallée Borgne et de la Vallée française, est traversé par le Gardon de Saint Jean. Une grande partie de la population s’est convertie à la Réforme vers 1560 et le premier temple alors construit fut rasé en 1685. À la fin du XVIIIe siècle, le culte se tient dans le parc du pavillon et, malgré la volonté du pasteur Génies dès 1804, la construction d’un nouveau temple tarde à se décider. Le 29 mars 1821, le conseil des bâtiments civils examine le dossier ; l’architecte n’est pas désigné, on évoque Charles Durand ou Prosper Renaux, et le rapporteur M. Grillon critique le projet en proposant une esquisse dont on ne connaît pas le suivi. Pierre Arnavielle, maître maçon d’Alais, est adjudicataire des travaux le 21 septembre 1821 et l’emplacement est acquis le 1er mars 1822. Le procès-verbal de réception dressé par Renaux le 14 avril 1827 constate que le coût total dépasse l’adjudication en raison de l’ignorance de l’emplacement lors du devis et de l’augmentation des dimensions du bâtiment. La dédicace du temple a lieu le dimanche 29 avril 1827. Un long procès oppose la mairie aux syndics de la faillite d’Arnavielle et aboutit à une dette de 4 221 francs, intérêts compris. Dès 1846 la voûte menace ruine et l’architecte départemental Bourdon évalue les travaux à 1 104 francs ; en 1856 le conseil presbytéral signale des réparations urgentes, la chute du crépi ayant été provoquée par l’absence de chenaux sur les façades latérales. Un don de 1 200 francs est affecté en 1860 à l’érection d’un clocher ; l’ouvrage est inauguré le 29 août 1864 et la subvention sert à la construction du campanile ainsi qu’à la restauration de la porte d’entrée et de la façade ; la cloche est offerte par la famille Caseing. D’autres réparations touchent la voûte en 1883, puis la façade, le carrelage intérieur et la porte d’entrée en 1886. En 1911 le conseil presbytéral approuve un devis de M. Laune pour la réfection de la toiture et du parquet, le blanchissage de la voûte et la peinture des murs et boiseries, mais ces travaux ne seront pas entièrement exécutés, notamment l’ajout d’un meneau aux baies. Des interventions sur le chauffage, l’éclairage et le sol ont lieu en 1978, et entre 2016 et 2018 des travaux sur les façades et les toitures, ainsi que la mise aux normes électriques, de chauffage, des sols, des peintures et des accès pour personnes à mobilité réduite sont réalisés avec le soutien de la Région, du département, de la communauté d’agglomération et de la Fondation du Patrimoine.

Le temple est une construction rectangulaire d’allure très simple, de dimensions imposantes pour accueillir 400 personnes, mais seule la façade se développe en architecture. Celle-ci est cantonnée de doubles pilastres et couronnée d’un fronton ; l’entrée rectangulaire, soulignée par une corniche, affine les horizontales, tempérées par un oculus circulaire situé au-dessus. Le dessin, d’inspiration néo-classique, présente un caractère monumental : les portes latérales en plein cintre sont encadrées de fenêtres thermales, les baies de l’étage sont en plein cintre et les combles sont aérés par des œils-de-bœuf circulaires. La construction repose sur des moellons enduits, tandis que les encadrements des baies, les pilastres, les corniches et le fronton sont en pierre.

À l’intérieur, les tribunes font le tour de l’édifice ; elles sont soutenues par des colonnes d’ordre dorique, redoublées à l’étage pour porter la corniche sommital qui sert de base à la voûte surbaissée, et remplacées par des pilastres dans les angles. Le garde-corps des tribunes est plein ; l’ensemble est enduit et peint, les peintures servant à souligner l’architecture. La chaire, monumentale, est placée devant la colonnade et accessible par un escalier à double révolution : édicule rectangulaire dont le rez-de-chaussée plein est marqué aux angles par des pilastres, l’étage ouvert soutenu par deux colonnes atteint presque le niveau des tribunes, et la place du prédicant constitue une avancée semi-circulaire, seule courbe dans cet ensemble de lignes horizontales et verticales. Des photographies de 1988 montrent une peinture en faux-marbre qui a disparu lors des derniers travaux ; la bichromie a toutefois été respectée avec des coloris plus clairs.

Le clocher, dressé en 1864, parachève l’édifice : c’est un édicule percé d’une baie en plein cintre et couvert en bâtière, évoquant le fronton de la façade ; la cloche, commandée au fondeur marseillais Baudouin, a été financée par la famille Caseing. L’orgue baroque du XVIIIe siècle, réalisé pour la cathédrale de Nancy, a été acheté par la famille du Puy de Montbrun et installé en 1958, puis complété en 1965 par deux jeux supplémentaires. Le dessin néoclassique de la façade paraît influencé par l’architecte nîmois Charles Durand et l’exécution est due à Prosper Renaux, né à Alès le 26 novembre 1793, qui fut directeur des travaux publics d’Alès puis architecte du département, réalisa de nombreuses restaurations et signa plusieurs constructions et interventions locales. Le temple de Saint-Jean-du-Gard, s’il n’est pas original, fait néanmoins partie des plus importants par sa capacité et, par sa date (1827), il illustre le néoclassicisme qui a marqué les constructions du Gard sous l’influence de Charles Durand.

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