Origine et histoire
Le temple protestant de Bagnères-de-Bigorre, situé avenue Prosper Nogues dans les Hautes-Pyrénées, appartient à la paroisse de l'Église protestante unie de France. Les premiers cultes y sont attestés dès 1812 par Benjamin Frossard, et l'activité protestante se renforce à partir de 1848 lorsque son fils Émilien Frossard anime des réunions d'évangélisation dans cette cité thermale fréquentée par des curistes anglo-saxons. Après des offices tenus dans la salle du Tribunal puis dans une aile des Grands Thermes aménagée officiellement en temple en 1851, la construction d'un édifice spécifique est engagée à partir de 1855 pour répondre à un besoin religieux et contribuer au développement économique de la station. Le terrain, acquis et offert au Consistoire par le général de Gaia, permit la réalisation du projet sous la direction de l'architecte Déjeanne ; le temple est achevé en 1857 grâce au concours de donateurs français, anglais (dont Alfred Binyon) et américains. Dès son ouverture, le lieu connaît une fréquentation régulière, majoritairement française et anglaise, pouvant atteindre des effectifs importants à la fin du XIXe siècle. Le déclin du thermalisme au XXe siècle entraîne la suspension des offices hebdomadaires ; le temple accueille aujourd’hui des célébrations exceptionnelles, l’office régulier étant assuré à Tarbes, ainsi que des expositions et des animations culturelles menées sous le nom d'Espace Émilien Frossard. Émilien Frossard lui-même fut engagé dans les milieux scientifiques et pyrénéistes : il participe à la création de la Société Ramond et contribue à la fondation de l'Observatoire du Pic du Midi. Architecturée dans un style néo-roman, l'édifice, légèrement excentré, a été élevé sur pilotis en raison d'un sol marécageux et orienté nord-sud. Le tympan porte un bas-relief représentant une Bible ouverte sur laquelle est gravé « Nous prêchons Jésus‑Christ crucifié », croisée d'une palme ; le linteau de la porte porte l'inscription « Église protestante ». La nef mesure 9,50 m sur 15 m et présente deux plaques de marbre d'Arudy : à gauche le Décalogue, « La loi de Dieu », à droite des citations du Nouveau Testament sous l'intitulé « La grâce ». Les baies en plein cintre sont garnies de vitraux non-figuratifs composés de losanges jaunes, rouges et bleus, accompagnés d'inscriptions faisant référence à l'amour divin, à la vie du Christ et à la sanctification par le Père, le Fils et l'Esprit. Vers 1900, le clocheton de la façade est retiré pour équilibrer l'édifice ; il est remplacé par un auvent à colonnette et une sacristie est ajoutée à l'abside. Inscrit aux monuments historiques en juin 2015, le temple a fait l'objet d'importants travaux, dont la réfection de la voûte, et a rouvert lors d'une cérémonie officielle le 23 octobre 2021. Le lieu a par ailleurs reçu le prix Sésame de la Fondation du patrimoine.