Origine et histoire
Les Prémontrés fondèrent un hospice à Nancy en 1635 et, au début du XVIIIe siècle, obtinrent l'autorisation du duc de Lorraine (1714) d'édifier une nouvelle église et d'avancer leurs bâtiments de trente pieds sur la place. Les travaux, engagés en 1713 d'après les plans de Jean (Giovanni) Betto, furent interrompus en 1722 à la suite du décès de l'architecte et de difficultés financières. Des élévations et coupes non datées pourraient correspondre au premier projet, qui prévoyait quatre travées et un clocher hors-œuvre couvert à l'impériale près du chœur ; la façade, à deux niveaux avec superposition d'ordres, rappelait la primatiale de Nancy et Bosserville, mais sans fronton en plein cintre ni niche autour de la baie centrale. Une seconde phase de construction fut conduite sous la direction du père Norbert Abraham (mort en 1751), peut‑être responsable d'une modification de la façade proche de celle de Sainte‑Marie‑Majeure à Pont‑à‑Mousson ; ces travaux furent financés par des dons et un emprunt de 37 000 francs, mais seuls les murs et la charpente purent alors être réalisés. Une datation dendrochronologique sur trois fermes confirme une réalisation en 1736 ; l'attribution au père Louis Hugo et la date de 1743 ne sont pas établies. Le chantier fut finalement achevé en 1758 par Claude Mique dit La Douceur, qui réalisa le vitrage, les portes, les voûtes et les stalles pour 4 000 livres, somme couverte par un emprunt, et l'église fut bénite en 1759 par l'abbé de Salival. Pendant la Révolution, l'édifice, considéré comme « de moyenne grandeur bâti tout à neuf », fut saisi et utilisé comme entrepôt. Un décret du 12 germinal an XII (2 avril 1804) reconnut aux protestants de Nancy le droit d'avoir un oratoire, puis, le 12 floréal an XIII (2 mai 1805), l'église Saint‑Joseph leur fut attribuée ; elle prit le nom de temple Saint‑Jean en référence au quartier. Les premiers travaux pour l'adapter au culte protestant, confiés aux menuisiers Kimmerlihin (?) et Hofman et à l'architecte Burtin, concernèrent surtout la création de tribunes pour porter la capacité à 500 places, aménagement dont la date est confirmée par dendrochronologie, et le temple fut inauguré le 12 juillet 1807. Situé dans un quartier à vocation militaire, il fut réquisitionné en 1813 comme hôpital militaire ; la communauté s'y installa définitivement en 1815 et organisa progressivement l'espace intérieur, comme en témoignent les registres du conseil presbytéral. En 1838 la ville remplaça la couverture en dôme des tours par un toit‑terrasse et, après 1882, un accès direct du chœur au nouveau presbytère fut percé ; ce presbytère fut réalisé en 1886 par l'architecte Jean Ferdinand Corrard des Essarts. Pendant la Première Guerre mondiale, le temple subit des bombardements (1916–1918) et le culte y fut momentanément célébré dans une salle du lycée Poincaré. Classé au titre des Monuments historiques le 28 août 1919, l'édifice bénéficia d'une participation financière du ministère de l'Instruction publique et des Beaux‑Arts pour des travaux de restauration ; la toiture fut remise en état en 1980. Le 15 septembre 1944, lors de la Libération de Nancy, des soldats allemands retranchés dans le temple furent délogés par un groupe de FFI nancéiens commandé par Allain Floc'h. En avril 2013, la chute d'enduits du voûtement entraîna la fermeture provisoire du temple et le lancement d'études techniques et de travaux de confortement sous l'égide de la Ville de Nancy et de l'Église protestante unie. L'orgue de l'édifice est l'œuvre de Joseph Cuvillier, construit en 1856.