Origine et histoire
Le site archéologique de la Verrerie de Trinquetaille, acquis par la ville d'Arles en 1978, a fait l'objet de fouilles dans les années 1980 puis, depuis 2013, sous la direction conjointe du service archéologique du musée départemental Arles antique et de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), avec la contribution du ministère de la Culture et de la Communication, du CNRS, d'une université et de chercheurs indépendants. L'opération a été conduite par Marie-Pierre Rothé (archéologue, CD13 - MDAA), avec Julien Boislève (toichographologue, INRAP) et Alain Genot (archéologue, CD13 - MDAA) comme co-responsables. Le site se situe sur la rive droite du Rhône, à Arelate (Arles), une zone occupée pendant l'Antiquité. Les fouilles ont mis au jour des occupations allant du Ier siècle av. J.-C. au IIIe siècle apr. J.-C., et ont notamment porté sur une demeure riche datée du milieu du Ier siècle av. J.-C. Cette domus, construite entre 70 et 50 av. J.-C., a été explorée sur une surface de 105 m² et scellée par des constructions postérieures. Les archéologues ont fouillé deux pièces mitoyennes et la cour intérieure adjacente, révélant de nombreux décors peints de sols, murs et plafonds, certains fragments demeurant en place sur les murs. Ces peintures relèvent stylistiquement du deuxième style pompéien, connu en Italie à Pompéi, Boscoreale et Herculanum, et, en Gaule, ce type de décor daté entre -70 et -30 reste rarissime, ce qui confère une importance exceptionnelle aux surfaces peintes découvertes à la Verrerie. Parmi les découvertes figure une grande fresque représentant une harpiste peinte sur fond rouge vermillon, pigment coûteux; la qualité de la figuration, l'expressivité des regards et le rendu des volumes suggèrent l'intervention d'un artisan probablement originaire d'Italie. La cour de la domus était partiellement couverte par un atrium desservant plusieurs espaces, dont cinq ont été identifiés ; sa galerie est ornée de peintures murales et présente un sol en terre battue. Au centre de l'atrium se trouve un impluvium, bassin peu profond réalisé en blocs de calcaire, avec un puits-citerne à son extrémité sud-est ; les bords de l'ouverture du toit étaient garnis de plaques de terre cuite décorées de palmettes et d'un protomé de chien. La galerie donne accès à deux pièces fouillées au nord-nord-ouest dont les peintures sont typiques du deuxième style pompéien : une salle à manger de 16 m² (répertoriée VIIIb) au sol en béton incrusté d'éclats de roches colorées et dotée d'une petite frise d'Amours chasseurs dans une alcôve, et une salle de réception de 17 m² (répertoriée VIIIa), centrée sur l'impluvium et au décor somptueux, témoignant du haut statut du propriétaire. Des occupations postérieures ont révélé d'autres domus luxueuses pourvues de bassins en marbre et fontaines, de grandes pièces aux sols mosaïqués et, dans l'une d'elles, d'un système de chauffage par hypocauste. La mosaïque de l'Aiôn, datée de la fin du IIe siècle et provenant d'un triclinium, constitue l'une des pièces majeures exposées au musée départemental Arles antique ; son médaillon central représente Aiôn (Annus), symbole du renouvellement des saisons. Vers la fin du IIIe siècle, les vestiges montrent une destruction violente du secteur suivie d'un abandon. Les terrains contenant ces vestiges ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 21 octobre 1953. Les fouilles ont été définitivement closes en 2019 ; par convention avec la Ville d'Arles, le site a été mis à disposition de l'Association Vers un tiers-lieu en pays d'Arles, qui a engagé l'aménagement des extérieurs, commencé par un jardin de 4 000 m², et porte un projet de réhabilitation architecturale et paysagère. Le musée départemental Arles antique conserve sur place une importante collection de mosaïques et dispose d'un atelier réputé de restauration de mosaïques.