Origine et histoire des Grottes du Razet
La nécropole de Coizard‑Joches, dite aussi grottes du Razet, est un ensemble d'hypogées de la fin du Néolithique situé à Coizard‑Joches dans la Marne. Deux hypogées ont été découverts fortuitement lors d'éboulements en 1842 et 1858, puis, à partir de 1872, le baron Joseph de Baye a mis au jour et fouillé trente‑cinq hypogées supplémentaires. L'ensemble a été classé monument historique par arrêté du 14 mai 1926 et Pierre Favret avec J. Prieur en ont relevé les plans entre 1935 et 1938. En raison des imprécisions des documents de Baye, on estime que la nécropole aurait pu comprendre jusqu'à une cinquantaine d'hypogées creusés dans la craie sur un flanc de coteau orienté au sud. Les hypogées sont disposés en lignes parallèles, très proches les uns des autres, et leurs ouvertures sont orientées vers le sud ou le sud‑est. Tous ont été remblayés à l'exception des numéros 23 et 24, qui restent accessibles.
L'hypogée n°23, situé à 2,75 m de profondeur, comprend une antichambre et une chambre ; l'antichambre mesure 2 m de long sur 1 m de large et 1,25 à 1,30 m de hauteur, avec des banquettes latérales et une tablette sur la paroi gauche. La chambre est rectangulaire (4,10 m sur 3,40 m, environ 1,30 m de haut) et présente des retraits latéraux de part et d'autre de l'entrée. Sur la paroi gauche de l'antichambre se trouve un bas‑relief figurant une figure féminine dite « gardienne des tombeaux » par Favret ; la représentation montre une tête apparemment coiffée, un nez proéminent, des yeux matérialisés par deux trous, un collier avec médaillon et une poitrine très marquée. Bien que l'analogie avec certaines statues‑menhirs du sud de la France ait été notée, l'authenticité de ce bas‑relief a été mise en doute : sa surface lisse, l'absence de patine et des bords nets suggèrent une intervention récente à l'aide d'outils en fer, et il est probable que Baye ou un fouilleur ait restauré une figuration très abîmée en s'inspirant des représentations de l'hypogée n°24. Deux autres bas‑reliefs sont visibles sur les murs antérieurs de la chambre de l'hypogée n°23, de part et d'autre de l'accès vers l'antichambre, et représentent deux haches emmanchées, dont la lame de l'une a été noircie au charbon. Des moulages des bas‑reliefs des hypogées 23 et 24 ont été réalisés.
L'hypogée n°24, situé à 3,80 m de profondeur, possède également une antichambre (environ 2 m × 1 m × 1,10 m) et une chambre pratiquement quadrangulaire de 4,80 m sur 3,55 m, avec une hauteur variant de 1,60 à 2 m. Une première représentation de la déesse funéraire est sculptée sur le côté gauche de l'entrée de l'antichambre ; une seconde est visible sur la paroi gauche de cette antichambre et deux haches emmanchées encadrent le passage vers la chambre. La chambre de l'hypogée n°24 comporte des retraits latéraux de chaque côté de la porte, une banquette sur la paroi antérieure gauche et une tablette sur la paroi latérale gauche ; la paroi antérieure droite porte un bas‑relief dont le motif évoque la forme d'une pelle.
Tous les hypogées correspondent à des tombes collectives. Le mobilier funéraire recueilli par Baye est conservé au Musée d'Archéologie nationale et le matériel anthropologique au Musée de l'Homme, mais l'imprécision des registres de l'ancienne collection empêche d'attribuer précisément les objets à chaque hypogée. Parmi le matériel identifiable figurent des outils en silex (haches polies, lames, un poignard), une pierre à rainure en grès, un poinçon en os, des gaines de hache en andouillers de cerf et une pendeloque en aragonite ; Baye signale par ailleurs un seul vase entier pour l'ensemble de la nécropole.