Origine et histoire du Théâtre à l'italienne
Situé rue de la Comédie à Douai, le théâtre municipal a été édifié à l'emplacement de l'ancien séminaire de la Foi. En 1783, les échevins confièrent à Charles-Louis-Barthélémy Denis, entrepreneur des fortifications, la construction d'une nouvelle salle de spectacles avec un salon de jeu en fond de salle ; la salle fut livrée en octobre 1785 et ouverte au public en février 1786, une autre source mentionne une première représentation en décembre 1785. Denis fut ruiné et la salle vendue à un consortium de trois propriétaires ; elle devint bien national à la Révolution, fut rachetée par un particulier en 1806 puis acquise par la ville en 1810. La ville a entrepris de nombreuses campagnes de travaux aux XIXe et XXe siècles, touchant la machinerie, la décoration de la salle et les annexes, et confiant des décors à des peintres comme Charles Alexandre Caulet, Pierre-Luc-Charles Ciceri, Félix Robaut et Maurice Rogerol. La façade néo-classique se compose de quatre colonnes ioniques — dont deux engagées de chaque côté — encadrées par deux massifs latéraux simplement décorés de joints de pierre ; l'attique porte un cartouche aux armes de la ville entouré de guirlandes et de rubans. Trois portes cintrées donnent accès au vestibule, ancien péristyle fermé en 1845, surmonté du foyer du public ; la toiture est en ardoise d'un seul tenant. Le dispositif de type « théâtre à l'italienne » offre environ 500 places : un parterre assis, trois niveaux de balcons formant un fer à cheval, deux loges d'avant-scène et le dernier niveau dit « paradis » ou poulailler. Le plafond de la salle est peint à la gloire de la poétesse et comédienne Marceline Desbordes-Valmore, et la décoration intérieure a fait l'objet de restaurations successives après les dégradations des guerres. La scène présente une ouverture de 8 mètres, un cadre de 6 x 7 mètres et quatre plans ; la machinerie comprend un dessous à deux niveaux aménagé au XIXe siècle et un cintre équipé de 62 porteuses contrebalancées. Pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands réservèrent le théâtre pour leurs manifestations et remanièrent la machinerie en installant un nouveau système de treuil ; la décoration fut partiellement refaite après les dommages de la Seconde Guerre mondiale. Le théâtre a conservé d'anciens décors classés et figure parmi les rares salles françaises à garder sa machinerie historique. Classé monument historique depuis mai 2003, il est aujourd'hui un lieu culturel majeur de Douai, accueillant spectacles professionnels, créations associatives et manifestations locales comme le « Théâtre en Fête ». Parmi les artistes qui l'ont fréquenté figurent Paganini, Liszt, Mademoiselle Talma, Mademoiselle Mars et le lieutenant Bonaparte. Il ne subsiste que trois autres théâtres de ce type dans la région Nord‑Pas‑de‑Calais : ceux de Cambrai, d'Arras et de Saint‑Omer. Des travaux de mise aux normes et de restauration ont été menés à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, notamment des interventions en 1983 et une réouverture après travaux en 2007 ; le plafond a été restauré après une inondation lors de la remise en route du chauffage en 2007, puis repris en 2009.
