Origine et histoire du Théâtre
Édifice élevé vers 1590, il fut à l'origine l'église de la confrérie des Pénitents noirs. Selon Poncet, la compagnie, fondée le 1er juin 1589 à l'imitation des pénitents blancs, fut agréée en 1605 par Paul V et approuvée par l'évêque d'Agde en 1635. De l'édifice primitif subsistent principalement l'enveloppe des murs, la façade principale, la plus grande partie du voûtement de la nef et la sacristie ; l'aménagement intérieur originel a été profondément modifié lors de sa transformation en salle de spectacle. La porte d'entrée est encadrée d'une architecture de pierre à bossages, flanquée de pilastres ioniques et surmontée d'un entablement orné d'une frise à guirlandes, d'une corniche à denticules et d'un fronton courbe. Le plan primitif présentait un rectangle allongé terminé à l'est par un chevet plat fortement dévié vers le sud ; la nef, divisée en cinq travées, était couverte d'une fausse voûte d'ogives, et la sacristie voûtée d'arêtes, située au sud du chœur, servira plus tard de foyer des artistes, les loges étant disposées sous le plateau. Vendue comme bien national à la Révolution, l'église fut acquise en 1803 par une société de notables souhaitant doter la ville d'un théâtre et transformée l'année suivante en salle de spectacle. Ce premier théâtre, décrit en 1855 par l'architecte Joseph Montgaillard, présentait les caractéristiques des théâtres français de la fin du XVIIIe siècle : vestibule voûté d'arêtes, salle de concert au-dessus, café, bureau de distribution et salle des pas-perdus donnant accès au parterre, aux baignoires et aux deux niveaux de galeries ; sa capacité était d'environ cinq cents spectateurs. La municipalité décida l'achat en 1855, l'acquisition étant réalisée dans les années suivantes, et procéda à des aménagements successifs : interventions en 1867, des travaux importants en 1884 sous la direction d'A. Saunière, puis une campagne de restauration engagée à la fin du XIXe siècle. À l'occasion des fêtes en l'honneur de Molière, un réaménagement fut décidé à partir de 1897, et l'aspect actuel de la salle italienne date essentiellement de la rénovation menée de 1899 à 1901 par l'architecte Paul Jeanbon ; cette décoration de 1901 illustre l'art décoratif officiel de l'époque. Plusieurs aménagements et décors supplémentaires furent réalisés jusqu'en 1947.