Origine et histoire du Théâtre antique
Le théâtre romain d'Arles a été construit à la fin du Ier siècle av. J.-C., sa construction s'achevant vraisemblablement vers 12 av. J.-C., peu après la fondation de la colonie romaine sous Auguste. Installé sur le decumanus, au sommet de la colline de l'Hauture, il fait partie des premiers théâtres en pierre du monde romain. Ne pouvant s'appuyer sur un flanc rocheux, la cavea repose entièrement sur un vaste appareil de substructures constitué de galeries concentriques et de salles voûtées rayonnantes. D'un diamètre de 102 mètres, la cavea comportait 33 rangées de gradins et pouvait accueillir environ 10 000 spectateurs, répartis selon les classes sociales : le peuple dans les rangs supérieurs, les chevaliers et notables sur les gradins inférieurs et dans l'orchestre. Les arcades extérieures, encore partiellement conservées, présentent une superposition de trois ordres doriques tardo‑antiques qui ne suivent pas les modèles vitruviens ; leur ornementation fut copiée au XVIe siècle dans des monuments comme le jubé de la cathédrale de Bordeaux ou le château d'Uzès. La scène reposait sur une plate‑forme de bois longue de 50 mètres et large de 6 mètres, dont les substructions abritaient la machinerie du théâtre. Le mur de scène comportait une centaine de colonnes d'ordre corinthien réparties sur trois niveaux ; seules deux d'entre elles subsistent aujourd'hui, surnommées « les deux veuves ». Des niches du mur accueillaient une statuaire d'inspiration grecque, parmi laquelle la Vénus d'Arles, retrouvée sur le site, fait aujourd'hui partie des collections du Louvre après une restauration controversée. Le théâtre recevait des spectacles de tragédie, comédie, mimes et pantomimes d'origine romaine ou grecque, principalement lors de fêtes religieuses ; ces représentations étaient gratuites et destinées à un public jugé plus raffiné. Parfois, des représentations étaient réservées aux hommes et les femmes et les enfants devaient être accompagnés par un homme adulte. Jean‑Louis Vaudoyer a qualifié le théâtre d'Arles de « seul théâtre grec, en France », en référence au répertoire antique joué sur ce lieu. Le monument resta en usage jusqu'au début du Ve siècle ; on rapporte également qu'une représentation grandiose y fut offerte par l'empereur Constance II le 10 octobre 353. À l'époque paléochrétienne, l'Église utilisa une partie du théâtre comme carrière pour la construction de la basilique Saint‑Étienne, entreprise sous l'épiscopat d'Hilaire. Entre la fin du VIe et le début du VIIIe siècle, un mur du théâtre fut probablement renforcé et intégré à l'enceinte urbaine, complété d'une tour dite « Tour de Rotland ». Le terrain fut ensuite loti et occupé par des habitations, hôtels particuliers et établissements religieux, notamment un collège jésuite et une communauté de Sœurs de la Miséricorde ; au XVIIIe siècle, la cour du couvent servit à présenter des découvertes archéologiques. Les premières fouilles dès le XVIIe siècle ont mis au jour de nombreux vestiges, et des campagnes de dégagement plus systématiques commencèrent en 1828 sous l'impulsion du maire baron de Chartrouse ; les travaux, repris dans les années 1840, s'achevèrent en 1860. Parmi les découvertes figurent la Vénus d'Arles, un buste d'Auguste en Apollon et la tête d'Arles, aujourd'hui au Musée de l'Arles antique. Le théâtre est inscrit sur la liste des monuments historiques de 1840 dressée par Prosper Mérimée et figure depuis 1981 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Aujourd'hui le site est visitable : de l'élévation antique soutenant la cavea il ne subsiste qu'une travée absorbée au Moyen Âge dans le rempart et transformée en tour de défense. L'orchestre conserve l'empreinte du scellement de l'autel aux cygnes, emblème d'Auguste voué à Apollon, et deux colonnes isolées demeurent comme vestiges visibles du mur de scène. Le théâtre reste par ailleurs un lieu de spectacles et accueille notamment, entre fin juin et fin août, les Fêtes d'Arles et du costume, les Rencontres Internationales de la Photographie, le festival Les Suds, les Escales du Cargo et le Festival du film péplum.