Origine et histoire du Théâtre antique
Le théâtre antique d'Orange, construit sous le règne d'Auguste au Ier siècle av. J.-C. par les vétérans de la IIe légion, figure parmi les théâtres romains les mieux conservés au monde. Il conserve un mur extérieur remarquable, long de 104 m et haut de 35 m, précédé à l'origine d'un portique dont subsiste une arche à l'ouest. Ce mur en grand appareil, d'aspect sobre, est organisé en trois niveaux ; au rez-de-chaussée, la porte royale centrale et les deux portes latérales sont séparées par une série d'arcades. La cavea, d'une capacité d'environ 9 000 spectateurs répartis selon le rang social, se compose de trois mæniana répartis sur 34 gradins et séparés par des murs. L'ima cavea comprend vingt gradins dont les trois premiers étaient réservés aux chevaliers, la media cavea neuf gradins destinés aux marchands et citoyens, et la summa cavea cinq gradins accueillant les catégories sociales les plus défavorisées. L'orchestre en demi-cercle est séparé des gradins par un parapet, et de grandes salles superposées servaient à l'accueil du public et aux coulisses. La scène, composée d'un plancher de bois abritant la machinerie, mesure 61 m de longueur pour 9 m de profondeur utile ; elle dominait l'orchestre d'environ 1,10 m, soutenue par le pulpitum. En arrière se trouve la fosse du rideau ; le mur de scène, haut de 35 m, était autrefois décoré de statues, frises et colonnes de marbre dont subsistent des vestiges. Le mur est percé de trois portes et porte au-dessus de la porte royale une frise de centaures de 0,70 m. Une niche abrite une statue colossale de 3,50 m dont la tête n'est pas d'origine ; certains y voient Auguste, d'autres l'estiment postérieure et la situent au IIe siècle apr. J.-C. Après la conquête par les vétérans de la IIe légion, la colonie romaine Arausio connaît un essor sous Auguste, période de construction du théâtre. Fermé en 391, le bâtiment a été préservé par des réutilisations au Moyen Âge : il servit de poste avancé aux princes d'Orange et fut, au XVIe siècle, envahi par des îlots d'habitation servant de refuge lors des guerres de Religion. Au début du XIXe siècle se concrétise l'idée de dégager le théâtre des maisons qui l'encombraient ; on y dénombrait 91 maisons en 1814 et un premier programme d'intervention engagé vers 1823 confia démolitions et consolidations à l'architecte Prosper Renaux. Prosper Mérimée alerta sur l'état du monument et sur la nécessité de réparations importantes. Les travaux se poursuivirent dans la seconde moitié du XIXe siècle sous Simon-Claude Constant-Dufeux et Pierre-Honoré Daumet ; en 1892 Jean Camille Formigé reconstruisit les gradins d'après la reconstitution d'Augustin Caristie, puis son fils Jules lui succéda. Entre 1929 et 1931, des fouilles du pulpitum enrichirent la connaissance du mur de scène ; des colonnes, entablements et escaliers furent remontés ou reconstruits dans les années 1920–1930. Depuis ces restaurations, seuls quelques blocs des trois premiers gradins sont encore antiques. En 2006 un toit de scène en verre et métal, calqué sur l'emplacement du toit romain, fut ajouté pour protéger les murs et permettre l'accrochage des éclairages. Le théâtre est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1981 ; le périmètre de classement a été étendu en 2007 pour inclure la colline Saint-Eutrope. En 2018 une reconstitution en visite virtuelle datée de 36 av. J.-C. présente notamment le velum du théâtre. Le site accueille chaque été depuis 1869 un festival lyrique devenu les Chorégies d'Orange, et il a reçu de nombreux artistes de renommée internationale. Depuis 2019 s'y tient également le Positiv Festival, consacré aux musiques électroniques, et en 2022 la gestion et la valorisation culturelle ont été confiées à la société Edeis dans le cadre d'un projet axé sur l'innovation sonore. En 2022 a été créé un festival Metal qui a rassemblé des formations majeures du genre lors de ses premières éditions. Le théâtre continue par ailleurs d'accueillir concerts, spectacles variés et manifestations populaires, prolongeant ainsi son rôle de scène vivante.