Origine et histoire du Théâtre antique
Le théâtre gallo-romain de Mandeure, dans le pays de Montbéliard (Doubs), date du Ier siècle et est contemporain du Colisée de Rome ; il est considéré comme le plus grand théâtre gallo-romain connu. Découvert en 1819, il a fait l’objet de fouilles en 1820 puis à partir de 1946, et bénéficie de la protection des monuments historiques. Érigé dans la cité antique d’Épomanduodurum, il faisait partie d’un vaste ensemble cultuel appelé le clos du château, qui s’étendait sur plus de dix hectares et faisait face à un imposant sanctuaire. L’arrêt de son usage demeure incertain ; à partir du IVe siècle, ses matériaux ont été réutilisés, notamment pour les fortifications du Bas-Empire. Le site était identifié comme site archéologique dès le XVIIe siècle par Schickhardt, mais les fouilles, engagées au XIXe siècle, ont connu des interruptions par manque de crédits. La construction semble s’être déroulée en trois phases et il est proposé que le théâtre ait succédé à une arène. Il constituait l’une des principales constructions de la cité et a structuré l’organisation urbaine, d’autres bâtiments modestes étant alignés sur lui. Le terrain est classé depuis le 23 mai 1912, la zone ayant été intégrée en 1972 à un site inscrit de cinquante hectares, et le théâtre est classé au titre des monuments historiques depuis le 12 mars 1964. Avec 150 mètres de diamètre et une capacité estimée entre 15 000 et 18 000 places, il devance le théâtre d’Autun, long de 148 mètres. Adossé à une colline, il est en partie taillé dans le rocher et en partie soutenu par des substructions maçonnées. Des fouilles récentes ont montré qu’une fermeture continue existait sur toute la façade diamétrale, longtemps considérée comme absente ; cette façade, haute de 30 mètres, était composée d’arcades en grand appareil et divisée en trois parties, les ailes nord et sud étant symétriques avec neuf arcades chacune, tandis que la partie centrale était plus basse et non ajourée. Les gradins, distribués sur quatre étages ou maeniana, s’appuyaient sur le versant et recouvraient un réseau d’escaliers et de couloirs ainsi que des loges et des espaces de stockage pour les décors. La scène comprenait une orchestra semi-circulaire, relativement réduite et dallée de calcaire, ainsi qu’un pulpitum rectangulaire accolé à la façade diamétrale. Le théâtre était relié à un bâtiment de fonction inconnue par une galerie longue de plus de cinquante mètres et large de cinq, où des fragments de colonnes et des objets d’offrande confèrent un caractère monumental à l’ensemble. La décoration s’étendait sur 360 mètres de façades linéaires répartis sur trois niveaux et comportait des éléments classiques tels que colonnes d’ordre corinthien, pilastres, entablement à moulure lisse et corniches modillonaires. La porte nord a été restaurée. Le site est aujourd’hui dans un remarquable état de conservation ; il est accessible au public, mais l’offre d’accompagnement pédagogique reste à développer. Un pavillon archéologique d’accueil et d’exposition et un petit jardin pédagogique sont en projet.